Alors que l'opus intitulé Amour est radicalement polyphonique, Rêves est beaucoup plus resserré : Haugerud s'intéresse ici exclusivement à l'histoire de Johanne, ou pour être plus précis à l'histoire que se raconte Johanne.
Autant Amour était ouvert sur le monde et la variété des sentiments, autant Rêves est presque claustrophobique par construction, à force de ne voir le monde qu'à travers les yeux de son héroïne.L'exercice est donc complètement différent, mais ce qu'il y a d'interessant, c'est que les qualités d'écriture et de mise en scène sont les mêmes : attention extrême aux variations de l'âme qui effleurent sous les visages, classicisme épuré dans la façon de filmer, parfois zébrée d'éclairs chatoyants, douce causticité dans les dialogues, toujours ciselés.
Si j'ai été moins attiré par les états d'âmes de la jeune Johanne que par les tribulations des personnages d'Amour, je dois tout de même avouer que la découverte de ce cinéaste norvégien de 61 ans est pour moi un des faits marquants de 2025, tant son cinéma paraît évident et profond à la fois.
Je recommande cet exercice de style très contemporain, qui interroge la notion de réalité avec brio.
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