Avec La venue de l’avenir, Cédric Klapisch prouve qu’il a encore beaucoup à dire au cinéma, et à l'art en général . À la fois multiple et subtil, ce film confirme son talent singulier : traiter de sujets sérieux avec légèreté, profondeur et un sens de la mise en scène immédiatement reconnaissable.Dès l’ouverture, on retrouve la patte du cinéaste avec un générique d’une inventivité rare, comme on en avait déjà admiré un dans En corps. Klapisch lance ici une charge élégante contre l’incompréhension du monde numérique moderne — et en particulier des influenceurs — face à l’art traditionnel, la peinture servant de prisme. Cette critique, fine et drôle à la fois, est l’une des plus réussies du film.L’autre grande force réside dans l’exploration du thème familial. Klapisch parvient à évoquer la question de l’héritage avec justesse et humour : l’héritage rapproche-t-il ou divise-t-il ? Doit-on l’envisager comme un simple capital financier ou comme une richesse culturelle et historique ? Le film ne donne pas de réponse tranchée, mais ouvre des pistes passionnantes, toujours dans une atmosphère à la fois tendre et légèrement caustique. Sur ce même terrain, le réalisateur ose un angle original : la relation aux ancêtres. Comprendre d’où l’on vient, mettre en parallèle nos vies avec celles de nos aïeux… L’idée prend une ampleur singulière grâce à des séquences de reconstitution du Paris du XIXᵉ siècle, d’un réalisme et d’une beauté visuelle remarquables. Klapisch joue même d’un dispositif ingénieux : ses personnages contemporains se rendent à la campagne, sur les terres de leurs ancêtres, tandis que ces derniers “montent” à Paris, le tout créant un effet miroir entre les époques.La séquence la plus audacieuse reste sans doute la rencontre directe entre personnages du présent et du XIXᵉ siècle. Klapisch abandonne ici toute cohérence réaliste pour laisser entrer une touche de magie, parfaitement dosée et typiquement française. Nulle tentation d’un spectaculaire hollywoodien : on reste dans une poésie sobre, colorée, “tricolore”, qui confère au film son charme singulier. Côté casting, les résultats sont contrastés. Vincent Macaigne amuse dans un rôle cocasse, certes un peu attendu. Cécile de France, en revanche, surprend en s’écartant de ses registres habituels pour livrer une prestation intense et jubilatoire (notamment lors de son “pétage de câble” face aux haters de l’impressionnisme, un vrai régal). Les jeunes interprètes des personnages du XIXᵉ siècle, quant à eux, sont convaincants malgré quelques touches caricaturales. Mention spéciale également à la participation de Pomme avec sa chanson très douce qui épouse le rythme du film. Au final, La venue de l’avenir est un film éclectique, fragile mais profondément attachant. Il brille par sa pluralité thématique — art, héritage, mémoire familiale — et par sa capacité à rester léger tout en posant de vraies questions. Klapisch signe ici un de ses films les plus plaisants de ces dernières années, confirmant son talent pour capter l’air du temps tout en le relisant à travers l’histoire.