Alors que l'homosexualité est toujours passible de prison, un odieux chantage se met en place pour pressurer les homosexuels. La victime se présente comme un thriller un peu anxiogène mais échoue à instiller un vrai climat oppressant à cause de sa volonté militante. On n'évite pas les réactions instructives des personnages, qui sortent un peu du film, paraissant trop forcées. Même si au moins l'une d'elle est bien pensée, quand le policier en charge de l'affaire dit à son collègue en substance : "Tu es puritain? Il n'y a rien de mal à cela. Rappelle-toi cependant que les puritains étaient, à une époque, hors-la-loi."
Reste que l'intrigue ne fonctionne pas mal, les acteurs sont très bien, la musique aussi, la mise en scène d'un classissisme éprouvé. Il convient de rappeller que le traitement frontal du sujet n'est pas si évident, dans une Angleterre qui n'a dépénalisé l'acte homosexuel que quelques années plus tard. On pardonnera dès lors le militantisme du film.
Quelques fausses notes peut-être, qui ne suffisent pas à gâcher le tableau : les réactions des personnages, gros plans sur yeux écarquillés sur fond de musique dramatique quand ils font une découverte, forment un procédé assez lourd.
Et puis la fausse piste du film est avancée avec la subtilité d'un rhinocéros en colère, franchement, qui s'y est laissé prendre?
Mais dans l'ensemble, La victime est un film à découvrir.