Dix ans après...

La vie de château, mon enfance à Versailles, est un long-métrage qui, après avoir fait l'objet de bd, série télé et court-métrage, débarque au cinéma dans un format long, reprenant le fil narratif de la série.

Dix ans ont passé depuis les attentats de Paris du 13 novembre 2015, jour où Violette, la protagoniste rousse à lunettes, a perdu ses parents. Voilà que le cinéma jeune public s'attaque à ce sujet, à ce deuil et ose dire les mots. La jeune parisienne devra vivre à Versailles, chez son oncle, au château de Versailles. Enfin, dans la maison du gardien, pas dans le château à proprement parler . Et voilà qu'on parle soudain d'inégalités sociales ! Jamais avec pathos, dans un style et des couleurs plus gaies que nature, le film se joue à hauteur d'enfant, quitte à ce que la naïveté maladroite des enfants brusque la bienpensance mature des adultes.

Passer du sourire aux larmes, voilà ce que ce film animé français en 2D parvient à créer. Il s'inscrit alors dans la lignée de films durs mais tendres comme Ma vie de Courgette, de Claude Barras, Linda veut du poulet, de Chiara Malta et Sébastien Laubenbach, ou le prochain Olivia, d'Irène Iborra, qui montrent les galères de la vie à hauteur d'enfants. Sans prendre les enfants pour des imbéciles, sans réduire les adultes à un œil enfantin, La vie de château mon enfance à Versailles, de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H'limi, avec sa dose d'humour, d'émotions (la vie brisée, jamais pour toujours, mais ça prend du temps à réparer), d'histoire (on y rencontrera Louis XIV) et de poésie (mieux vaudrait-il être gardien du château que roi soleil ?), touche juste sur tous les tableaux...