Le réalisateur algérien profite du continent américain pour tourner quelques films tranquilles, histoire de s'échauffer avant de revenir au pays et, pourquoi pas, signer une grande œuvre qui sera présentée à Cannes. En attendant sort dans l'indiscrétion la plus totale La voie de l'ennemi, thriller avec pourtant Harvey Keitel et Forest Whitaker à l'affiche !


Garnett a abattu un agent de police à coups de pierre et est condamné à une grosse peine de prison. 18 ans plus tard, grâce à un comportement irréprochable, il est autorisé à sortir de prison avec une liberté conditionnelle de trois ans. Malheureusement pour lui le shérif du comté n'a pas changé et n'a toujours pas dirigé la pilule de son ancien collègue froidement assassiné. Comme si ça ne suffisait pas, un membre de l'ancien gang de Garnett lui demande son aide. Commence alors pour l'ex détenu un périlleux parcours du combattant pour ne pas succomber à la tentation et éviter une nouvelle fois la prison.
Le film débute avec une séquence magnifique dans le désert du Nouveau-Mexique. Puis déboule un casting formidable, Harvey Keitel et Forest Whitaker au sommet de leur art. L'espoir est permis. Rachid Bouchareb, de plus en plus à l'aise avec sa mise en scène, filme avec beauté ce majestueux décor désertique et soigne ses cadres. Formellement le film est très réussi. C'est au niveau du scénario que ça coince.

Le sujet du film est passionnant. Peut-on pardonner un assassin après des années de prison, est-ce légitime de lui donner une seconde chance ? Beaucoup de grands films se sont penchés sur la question, en premier lieu L'Impasse de Brian De Palma. Le choix de Forest Whitaker était plus qu'ingénieux. L'acteur au visage si particulier, même s'il joue le plus meurtriers des dictateurs (Le Dernier Roi d’Écosse), arrive à dégager de la sympathie. Cette force on la retrouve dans La Voie de l'ennemi où le spectateur s'identifie immédiatement à ce personnage, haïssant en même temps le comportement antipathique d'Harvey Keitel. Hélas, malgré des personnages intéressants, le scénario ne suit pas.
On ne peut que sortir étonné de La Voie de l'ennemi tant le film se conclut avec une rapidité déroutante. Le film aurait pu gagner en intensité et en complexité s'il avait reposé sur un duo d'acteur : le flic et l'ex-détenu. Mais la surcharge de personnages secondaires amène le film nulle part. Au final ça se termine par une banale vengeance, laissant le personnage primordial d'Harvey Keitel aux oubliettes.


Rachid Bouchareb avait de bonnes intentions avec La Voie de l'ennemi. Il a soigné sa mise en scène au détriment, malheureusement, d'un scénario trop bâclé. Un film agréable pour les yeux du spectateur, moins pour son cerveau.
JimAriz
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le 13 mai 2014

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