Une production EuropaCorp

Les deux premiers Largo Winch par Jérôme Salle n'étaient pas terribles, mais ce n'étaient pas des merdes non plus… bon bah là, c'est le cas.

Le Prix de l'argent n'a aucun intérêt et je ne vois de toute façon pas ce qui a pu motiver des producteurs à mettre en chantier un troisième volet treize ans après le deuxième. Je veux dire… de l'eau a coulé sous les ponts depuis 2011, tout le monde a compris que le capitalisme à visage humain était une vaste blague, seuls des guignols peuvent avoir de l'admiration pour un multimilliardaire prétendument philanthrope, et Tomer Sisley a eu droit à son passage chez copy comic, actant le fait que c'est un naze de naze. Ce troisième opus tente tout de même de se moderniser un peu, en nous parlant de green washing, de likes, de l'exploitation, de ceux qui sont en bas de l'échelle, de réalité virtuelle… mais tout est si mal amené, c'est affligeant ! Franchement ? Il a fallu tant de temps à Largo pour se rendre compte de comment étaient récoltées les matières premières ? Le pire, c'est sans nul doute l'ajout de cette instagrameuse insupportable qui le colle durant tout le film, interprétée par Élise Tilloloy, qui incarne une québécoise à l'accent bien marqué, alors qu'elle n'est pas québécoise… et qu'aucune scène n'a été tournée au Québec… bordel, mais c'est quoi le but du coup ?! Quitte à prendre des acteurs Français et tourner en Belgique, autant l'assumer jusqu'au bout.

Contrairement aux deux premiers films, cet épisode se vend davantage comme une adaptation de la BD, lui reprenant l'un de ses titres. En l'état, j'aurais plutôt tendance à associer ce troisième épisode aux tomes 11 et 12 dans lesquels des producteurs financent une série de merde avec un mauvais acteur à sa tête pour blanchir de l'agent sale… ça rendrait presque le film Le Prix de l'argent méta maintenant que j'y pense. Bon allez, pour contrebalancer ces nombreux défauts (et il y en a d'autres, rassurez-vous), il ne s'agit pas d'une adaptation bête et méchante non plus, le film s'éloignant très vite du scénario original… pour le meilleur et pour le pire ? Pour le pire uniquement. Non parce que là aussi, faut le voir pour y croire ! C'est bourré de facilités et de clichés éculés à se taper la tête contre les murs ! Les deux premières adaptations ne volaient déjà pas bien haut : ils ont réussi à faire pire haut la main ! Un exploit !

Et ce n'est pas fini ! Car ce troisième volet de Largo Winch a l'audace de nous teaser une suite arrivée à la fin ! Oui ! Comme si nous venions de regarder une partie 1 ! À.QUEL.MOMENT.QUELQU'UN.S'EST.DIT.QUE.ÇA.ALLAIT.ÊTRE.UNE.BONNE.IDÉE ? La putain de sa race de ses grands morts ! Genre, y a quelqu'un qui est arrivé devant les producteurs et leur a dit : « WAOUH ! Les deux premiers Largo Winch ont tellement bien marchés [note de moi-même : c'est faux], ce que les spectateurs d'aujourd'hui veulent, c'est une suite 13 ans après, avec Tomer Sisley et James Franco ! » Je commence très sérieusement à croire au coup du blanchiment d'argent. J'espère que la DGCCRF est sur le coup !

Ah oui ! Parce que truc que je n'ai pas mentionné jusqu'à présent, mais James Franco est dans le film ! Vous savez, le type accusé d'abus sexuels et qu'on n'a pas revu au cinéma depuis cinq ans ?! C'est assurément lui que les spectateurs français voulaient voir à l'écran… à moins qu'il soit là parce qu'il ne coutait pas cher. À croire que personne ne voulait jouer dans ce film. Ça expliquerait pourquoi Dwight Cochrane est campé par un autre acteur et pourquoi Simon Ovronnaz et Gauthier ont disparu. Même l'acteur derrière Nerio Winch, pourtant mort au début du premier volet, a été remplacé, tout ça pour une scène de quelques secondes. Bordel ! Même les morts ne veulent plus jouer dans cette saga. Fuyez !

Pour finir sur du positif. Certes, le film est mauvais (je suppose que vous l'avez remarqué), mais il a un certain potentiel nanar. En fait, j'ai beaucoup pensé aux productions Besson des années 2000 devant ce truc. Je comprends que cette comparaison horripilera l'écrasante majorité des spectateurs (à raison), reste que mon côté prolo-beauf (on ne renie jamais vraiment ses origines sociales) prend toujours un peu de plaisir devant ce genre de film.

Aussi, et c'est plutôt curieux, mais le réalisateur, Olivier Masset-Depasse, ne semble pas être un tâcheron, ayant réalisé quelques films indés ayant connu un certain succès. À se demander ce qu'il est allé foutre avec ce truc… (là je devais faire une blague du style Olivier Nesetpas-Dépasser, mais franchement non)

Bref, ce Prix de l'argent est une anomalie, un film sans intérêt de bout en bout, sans nul doute le pire des trois opus (et le 2 était déjà gratiné). Très franchement, si je n'avais pas lu les BD cette année, jamais de ma vie, j'aurais regardé ce truc. En tous cas, c'est ce que tout le monde devrait faire ! Même piraté, ce Prix de l'argent coûte définitivement trop cher.