Dans la vie d'un homme... d'une femme, et même d'un cheval nain à poils courts... voire longs ça arrive, il y a forcément un moment, un instant seulement parfois, de doute, et oui, il m'est arrivé cet instant.
J'ai non pas douté de Clint Eastwood et de sa maestria, comment pourrais-je ? Mais de ce film, qui bien que virulemment critiqué m'inspirait confiance. Pouvais-t-il rivaliser avec la longue série de grands films que le père Eastwood nous a livré depuis de nombreuses années ? J'en ai douté, car le doute est toujours un peu là quand il s'agit de choses qu'on attend, faites par des gens qu'on admire.


Le 15h17 pour Paris, bien qu'il ne soit pas le nouveau chef d'œuvre de ma légende préféré, reste un film étonnant dans la filmographie de ce dernier. En effet, filmer une histoire de jeunes d'une vingtaine d'années, quand il se concentrait d'habitude sur des personnages plus matures, on sent une modernité, rien que la scène en boite de nuit nous rajeuni ce bon vieux Clint. Le point fort et le pari de ce film c'est surtout de faire jouer les trois personnages principaux par les véritables héros du Thalys.


Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler entre autres également présents dans le film comme Chris Norman et Mark Moogalian, sont les "héros du Thalys", ceux qui en 2015 ont stoppé un terroriste armé d'un AK47 accompagné de 300 munitions et d'un pistolet, qui s’apprêtait à ouvrir le feu sur les passagers durant le trajet pour Paris.
L’événement n'a durée que quelques minutes, ce fut bref et intense, les trois hommes n'ont réagis que par instinct, ils n'avaient pas le choix, par où fuir dans un train ? Ils sont ainsi du jour au lendemain devenus célèbres pour leur acte courageux et héroïque.
L’héroïsme, en voilà un thème qui semble s'associer au grand Eastwood. En effet, le cinéaste qui avait rencontré les trois jeunes hommes en 2015 à l'occasion d'une cérémonie américaine décide d'adapter le livre que les gars ont écrit après l'événement, livre nommé "The 15:17 To Paris".


Il clos ainsi en quelque sorte la trilogie du héros entrepris avec les fantastiques American Sniper et Sully. "Héros" est une notion que Clint n'a jamais laissé pour acquis, il questionne sans cesse si cette appellation est méritée, dans les deux films cités juste avant c'est une partie de l'histoire, ce questionnement, ce qui est plutôt différent quant à ce dernier film, le 15h17. En effet, il n'est nullement question de héros ici, ce n'est pas un thème de l'histoire.
Les thèmes sont bien plus simples, plus humains, moins artificiels, comme la religion, l'enfance, l'amitié, le courage, la détermination.
Pour raconter l'histoire de ces trois hommes, Clint décide de repartir du début, de leur enfance difficile, entres mères célibataires, problèmes à l'école, pour ensuite montrer leur trajet, militaire pour deux d'entre eux. A travers ce voyage dans le temps, malignement fait et dont les ellipses sont impeccables, Eastwood dissimule... le poster de Lettres d'Iwo Jima certes, mais surtout un côté métaphysique en filigrane, suffisamment léger pour ne pas tomber dans le ridicule. Ainsi l'événement du train semble leur être destiné depuis un long moment, comme s'ils s'avaient qu'une chose importante arrivait et qu'ils s'étaient en quelque sorte préparés pour.


Ce qui intéresse par-dessus tout Clint ici, ce n'est non pas le côté héroïque contrairement aux deux précédents films, mais bien l'incroyable qu'une personne banale peut accomplir dans certaines circonstances. Ainsi tout au long du film nous suivons ces jeunes hommes dans leurs complications, convictions, voyages même, ce tour d'Europe très plaisant montre bien qu'ils sont comme n'importe qui, de simples amis en vacance, n'imaginant pas ce qui va arriver.


Eastwood marque ainsi sa filmographie avec un film jeune, surement son plus jeune, au pari réussi de faire jouer les véritables "héros", qui s'en sortent plutôt très bien, particulièrement Stone et Sadler. Amusant de savoir que les trois hommes auraient aimé être interprétés pour Stone, par Chris Hemsworth, pour Skarltatos, par Zac Efron et pour Sadler, par Michael B. Jordan.
Intéressant et très bien de savoir qu'une grosse partie des gens présents en 2015 dans le train et ensuite sur le quai de gare sont les mêmes qui reprennent leur rôle ici. Clint poussant le réalisme et le crédible au maximum, dans le moindre détail.
Après l'aspect bleuté de Sully, nous retrouvons des couleurs pétantes à travers une photographie toujours gérée par le génial Tom Stern. La bande son accompagne de son côté harmonieusement les différentes situations. Quand Eastwood s'avère une fois encore efficace, concis et grand via une mise en scène captivante. Le film devenant son plus court à ce jour, monté comme Sully par Blu Murray.


En bref, certes pas le film le plus marquant du réalisateur mais qui ose tout de même par bien des aspects, ne cédant pas aux caprices du public, loin d'une œuvre pro-américaine et patriotique comme seuls les imbéciles aiment le clamer. Et dont la dernière partie, celle du train, est particulièrement dingue.

-MC

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