Le Bonhomme de Neige, j'avais grave envie d'y aller, au début. Impatient qu'il était, le masqué. De renouer avec Tomas Alfredson. Le Tomas Alfredson, celui du formidable Morse et du très classieux La Taupe, qui étaient déjà d'excellentes adaptations de bouquin. De se retrouver une fois encore en terres nordiques, gage d'une ambiance glaciale, grisâtre et torturée. De voir évoluer le super casting convoqué, Michael Fassbender en tête.


Ouh la la. Il n'en pouvait plus, Behind.


Jusqu'à ces rumeurs de tournage castré, de pingrerie notoire de la production, de manques flagrants dans un intrigue qui ne tenait pas debout, tant les trous étaient béants. De quoi jeter un froid, pour le moins.


Alors, quand le réalisateur lui-même avoue en promo, dans un élan de sincérité, que son film est raté...


Désirer voir un film pour jauger l'ampleur du désastre, à l'image de l'automobiliste qui ralentit sur l'autoroute pour mater l'accident grave arrivé sur la voie d'en face, n'est jamais un très bon signe.


Car Le Bonhomme de Neige, ce n'est finalement pas un accident industriel. Seulement un film comme des dizaines d'autres qui est loin d'être formidable, tout simplement. Et pas pour les raisons qui nous ont été avancées, malheureusement.


Oui, le film a été charcuté, c'est un fait. Comme cette toute première scène, montée en dépit du bon sens, comme analphabète, comme si on avait lancé un blu ray dans un lecteur à deux doigts de rendre l'âme. Le film se comportera un peu mieux par la suite, certes. Mais on ne retrouvera jamais la personnalité du Tomas Alfredson qui irriguait Morse, cet aspect tranquille et glaçant à la fois, qui se figeait sur d'infimes détails. Ici, Le Bonhomme de Neige se montrera impersonnel, à peine fonctionnel, d'un générique peu enthousiasmant qui ne tire aucun parti de ses décors ou de son atmosphère qui aurait dû être poisseuse. Hélas...


Oui, le film souffre de manques énormes dans le développement de son intrigue, à l'évidence. Crispant de ne pas voir des trucs soulignés comme indices par la caméra, au point de voir un panneau lumineux sur lequel clignote le mot preuve, en gras, façon néon, pour ne JAMAIS être exploités. Rageant de devoir effectuer un véritable travail de pourquoi, de réunir chaque action et de comprendre la direction dans laquelle les personnages sont poussés dans le cadre de l'enquête. Car Le Bonhomme de Neige semble devoir être envisagé, en l'état, comme une succession de séquences en forme de litanie, pas trop désagréable à suivre mais presque sans lien entre elles, comme si une ligne d'écriture se résumait à trois mots très espacés.


Mais le pire, c'est de constater que le film n'est peut être pas si elliptique que cela, après tout. Et qu'il est surtout perclus de défauts d'écriture assez énormes, de scènes qui n'ont peut être pas été tout simplement tournées et d'autres qui auraient dû ne pas figurer dans le scénario. Car nombre de sous-intrigues sont annoncées sans leur apporter aucune explication, laissant le spectateur sur sa faim, lui laissant à penser qu'il a sans doute attrapé un rhume de cerveau ou qu'il a raté quelque chose de capital.


Et puis, au final, Le Bonhomme de Neige ne propose pas grand chose d'exaltant. La thématique de la paternité aurait pu être un axe capital du film. Elle n'est évoquée que de manière extrêmement décousue et survolée, à l'image du personnage d'un Val Kilmer tristement méconnaissable. Son tueur, lui, aura enfin tout de l'anonyme, son atavisme étant très peu expliqué, frisant le gratuit dans ses représentations les plus graphiques, ses motivations restant pour le moins légères... Le pourquoi de la viande froide qu'il sème pourra longtemps laisser sceptique.


Le Bonhomme de Neige n'est donc pas très bon, c'est une certitude. Parangon d'un système de production qui marche tout simplement sur la tête pour de très mauvaises raisons, il en prend cependant trop largement excuse afin de masquer ses propres carences, évidentes, parfois effarantes, visibles comme du sang sur la neige.


Montrer un bonhomme de neige tous les trois plans ne changera pas grand chose à l'affaire...


Behind_the_Mask, Mister Freeze, le glaçon (pas très) friandise.

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le 4 déc. 2017

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