Rideau
Le Chat c’est la fin d’une ville, d’une époque, d’un couple et de deux vies. Duo d’acteurs au sommet avec des gueules pas possibles comme l’on en voit peu voir plus et c’est dommage car à l’ère du...
Par
le 15 oct. 2013
44 j'aime
6
Il est communément admis qu'il n'y a qu'un pas de l'amour à la haine.
En s'inspirant du roman éponyme de Georges Simenon, Pierre Granier-Deferre illustre cette triste réalité, malheureusement trop souvent observée. De plus, "Le chat" s'apparente presque à une antithèse du mariage.
Dès les premiers instants du film, l'évolution du couple Bouin est telle qu'elle suscite une réflexion sur cette institution.
Dès les premières séquences, le réalisateur transporte le spectateur à Courbevoie, alors en pleine transformation, reflétant l'effervescence du modernisme.
Les Bouin, bien que menant leurs courses séparément, fréquentent les mêmes commerces, se croisant furtivement, leurs regards se croisant à travers les vitrines.
Le retour au pavillon familial, désormais encerclé par d'importants travaux, symbolise la dissolution de leur couple, le mariage étant réduit à sa plus simple expression.
En effet, 25 années de mariage, soit un quart de siècle, une longévité notable.
Au fil du temps, une détérioration progressive a conduit à une séparation, notamment au niveau du partage du lit conjugal.
Chacun gère désormais ses propres repas, préparés à partir d'ingrédients acquis individuellement, certains étant conservés de manière confidentielle.
Comment les époux Bouin ont-ils abouti à cette situation ? Le spectateur réalise rapidement que le point de rupture a été atteint à cause d'un chat.
Ce chat de gouttière, adopté dans l'espoir de renforcer les liens entre Clémence et Julien, est devenu une source de conflit.
Pour Clémence, cet animal symbolise l'éloignement avec son mari et entrave le retour à une vie de couple épanouissante.
Tout du moins normale, ce point de discorde est mis en scène par des dialogues incisifs, en particulier du côté de Julien, des dialogues taillés sur mesure pour Jean Gabin.
Les répliques, d'une méchanceté spontanée, provoquent une réaction vive chez le spectateur, l'amenant à une forme d'hallucination et lui arrachant un sourire, voire un rire franc, tant l'impact est fort.
Or, la situation ne prête pas à la plaisanterie ; la gravité de la situation est même avérée.
Seulement en 1971, on ne divorçait pas si facilement.
Ce n’était pas encore entré dans les mœurs. Et je connais des familles où cette solution n’est encore aujourd’hui pas concevable.
Les Bouin, ce sont Simone Signoret et Jean Gabin. Deux comédiens qu’on ne présente plus.
Et rien qu’à les voir évoluer ici, ça confirme leur immense talent et le fait qu’ils soient des monstres sacrés du cinéma hexagonal. L'interprétation des deux acteurs principaux dans "Le Chat" est également remarquable à tous égards.
Avec une sensibilité remarquable, Simone Signoret interprète avec brio le mince espoir persistant et la profonde détresse qui tourmente son personnage, une détresse qu'elle s'efforce de masquer par l'alcool.
Avec une sensibilité remarquable, Simone Signoret interprète avec brio le mince espoir persistant et la profonde détresse qui tourmente son personnage, une détresse qu'elle s'efforce de masquer par l'alcool.
Avec une sensibilité remarquable, Simone Signoret interprète avec brio le mince espoir persistant et la profonde détresse qui tourmente son personnage, une détresse qu'elle s'efforce de masquer par l'alcool.
Cependant, les vapeurs ne constituent qu'un voile de fumée, impuissant à dissimuler son désespoir ou à alléger l'atmosphère sombre et pesante.
Simone Signoret interprète avec brio le mince espoir persistant et la profonde détresse qui tourmente son personnage, une détresse qu'elle s'efforce de masquer par l'alcool.
Cependant, les vapeurs ne constituent qu'un voile de fumée, impuissant à dissimuler son désespoir ou à alléger l'atmosphère sombre et pesante.
Par sa mise en scène maîtrisée, les cadrages, les décors et les nombreuses séquences silencieuses, Pierre Granier-Deferre parvient avec brio à retranscrire cette atmosphère étouffante, ce type même d’atmosphère liée la plupart du temps aux huis-clos.
Parce que "Le chat" est un huis-clos. Un huis-clos servi aussi par l’expression monolithique de Jean Gabin.
Ce personnage se distingue particulièrement.
Habituellement plus loquace, il affiche une expression inhabituellement fermée, semblant s'enfermer dans une résignation apparente.
En réalité, ses pensées dérivent vers des souvenirs plus heureux, notamment ceux de son union insouciante, judicieusement intégrés par le réalisateur.
Cependant, il lui arrive de se révolter, exprimant sa douleur, sa détresse et le sentiment d'injustice par des mots parfois durs. Pire, il peut même apparaître comme un individu grossier, ce qui engendre des scènes imprévisibles.
Le choix de deux acteurs affichant une incompatibilité notable a généré des résultats significatifs.
En conclusion, le couple Bouin se trouve dans une impasse, une situation apparemment insoluble.
Vingt-cinq années de mariage représentent une période significative, et il est inévitable que des traces subsistent.
Compte tenu des éléments présentés, quelle est la justification de cette dénégation ? Il semble particulièrement difficile de trouver un terrain d'entente lorsque les parties prenantes, animées par une fierté excessive, s'obstinent à ne pas faire preuve d'humilité.
Néanmoins, l'issue de cette situation semble prévisible.
Comment cela se déroulera-t-il ? Je vous laisse le soin de le découvrir.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1971, Les meilleurs films avec Jean Gabin, Les meilleurs films sur la vie de couple, Les meilleurs films sur la vieillesse et Les meilleurs films avec Simone Signoret
Créée
le 23 sept. 2025
Critique lue 10 fois
4 j'aime
Le Chat c’est la fin d’une ville, d’une époque, d’un couple et de deux vies. Duo d’acteurs au sommet avec des gueules pas possibles comme l’on en voit peu voir plus et c’est dommage car à l’ère du...
Par
le 15 oct. 2013
44 j'aime
6
Voilà un film dont j’aurai augmenté la note après un second visionnage. La première fois, j’y ai vu une farce, un truc bien grinçant typiquement franchouillard à faire pisser un chat par la patte...
le 10 mai 2013
38 j'aime
2
Je ne sais par où commencer et où finir... Ce film est un double instantané: la fin d'une époque (la France d'antan) et la fin d'une vie (celle d'un couple de retraités lambda). Depuis les années 60...
le 3 nov. 2019
24 j'aime
19
A House of Dynamite, malgré les attentes placées dans sa réalisatrice Kathryn Bigelow, est un échec retentissant. Sous l'emballage d'un thriller urgent sur la crise nucléaire, ce film est une œuvre...
Par
le 26 oct. 2025
27 j'aime
5
Un docu-fiction qui touche l'âme.Le film Sacré Cœur, réalisé par Sabrina et Steven Gunnell, est bien plus qu'un simple documentaire. C'est un docu-fiction saisissant (sorti le 1er octobre 2025) qui...
Par
le 9 oct. 2025
20 j'aime
5
Suite à la popularité de Dahmer, il est indéniable que la deuxième saison était très attendue. Cependant, il semble que le choix du sujet n'ait pas été le plus judicieux. En effet, comparée à la...
Par
le 21 sept. 2024
17 j'aime
2