Si les amateurs de cinéma de genre italien se souviennent avec bonheur des quelques Gialli réalisés par Sergio Martino au début des années 70, ils sont souvent beaucoup plus critiques à propos de sa trilogie exotico-fantastique initiée en 1978 avec «La Montagne du Dieu Cannibale». Trois films que certains qualifient même (à juste titre ?) de véritables nanars.
Désireux de surfer à l’époque sur la vague transalpine des oeuvres consacrées aux «anthropophages», Martino réalise donc «La Montagne du Dieu Cannibale», film d’exploitation tout juste sympathique qui connaitra tout de même un honorable succès et incitera donc le réalisateur à poursuivre un temps dans le genre.
Pour sa seconde escapade exotique, Martino laisse pourtant les cannibales de côté et se consacre à cette resucée (assumée) de «L'île du Docteur Moreau» (mixée avec l’univers de Jules Verne) racontant les expériences d’un scientifique qui est parvenu à créer des monstres mi-homme, mi poisson afin de récupérer le trésor de l’Atlantide.... Tout un programme.
Mieux vaut prendre un peu de recul pour apprécier ce film d’aventure fauché et plutôt ennuyeux. Malgré son évident talent de metteur en scène, Martino doit faire avec un scénario creux et sans véritable surprise, réservant même quelques situations parfaitement ridicules.
Prenons par exemple cette scène unique où Barbara Bach, à moitié nue, traverse longuement un lagon pour partir à la rencontre de ces créatures au look totalement ringard.
Même constat pour les effets spéciaux (les maquettes trop visibles) et les personnages (le despote de service, le savant fou, la belle ingénue et le héros sympathique) quant à eux, beaucoup trop stéréotypés.
Malgré tout cela, l’ensemble dégage tout de même un certain charme. Le même qui émanait de ces petites séries B des années 50 remplies de monstres totalement improbables.
On notera également les très beaux extérieurs romains et sardes, bien mis en valeur par le chef opérateur Giancarlo Ferrando.
«Le Continent des Hommes Poissons» reste aujourd’hui, une sympathique curiosité qu’il faut voir avec tout de même, avec beaucoup d’indulgence.
Pour son exploitation sur le sol américain, le film sera en partie remonté par Roger Corman qui introduira même de nouvelles scènes pour tenter de lui donner un peu plus de rythme et de cachet. Une version quasi-introuvable de nos jours.