Le Diable au corps était déjà un livre très mâture car Raymond Radiguet l'avait publié à seulement dix sept ans. Il avait été inspiré par sa liaison avec une femme plus âgée que lui. Sont donc nés les personnages de Marthe et François. Publier dans les années 20 une histoire avec une liaison contre-nature était déjà osé. A l'écran, l'adaptation de 1947 de Claude Autant-Lara n'a peut être pas le même impact par rapport au livre. C'est un cinéma d'après guerre se régalant déjà des jeunes premiers têtes d'affiche (Micheline Presle et Gérard Philippe ont vingt-cinq ans) et l'enjeu dramatique de l'oeuvre littéraire ne semble pas la priorité. C'est plus la passion entre ce jeune homme de dix sept ans et cette infirmière plus âgée qui doit marquer. Claude Autant-Lara, même s'il a signé une adaptation honnête du roman de Raymond Radiguet, s'est donc beaucoup plus intéressé à rendre l'histoire captable par une audience qui sortait de la deuxième guerre mondiale et ne voulait pas trop de pathos dans les films qu'elle voulait regarder. Il y est parvenu mais la dimension même du couple contre-nature est reléguée et les difficultés qu'il rencontre amoindries. Raymond Radiguet dans le livre montre bien la société de première guerre mondiale comme un obstacle pour François et Marthe qui ne vivent pas aussi légèrement leur histoire d'amour que dans le film. Dilemme. Reste un film trés bien réalisé, un travail assez remarquable d'Autant-Lara sur le sens caché de certains plans comme le feu de cheminée (l'amour qui se consomme ou se consume). A voir en ayant lu le livre d'origine et comprendre les intentions du film de 1947 qui amènent l'oeuvre dans une autre dimension sans la trahir.