Le silence éloquent d'un duel contre soi-même...

Une petite année seulement après le mémorable Yoidore Tenshi livré par Kurosawa, il choisit de conserver le même contexte historique, un casting identique et un médecin comme personnage principal, cependant l'histoire racontée sera bien différente.

Le film nous accueille avec une Magnifique séquence d'ouverte sublimée par un noir et blanc qui nous plonge dans le bain immédiatement.
Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale lorsque un médecin Kyoji Fujisaki incarné par Toshirô Mifune, tente de sauver la vie d'un soldat blessé. Après une longue nuit de garde, il commet l'erreur de se couper sur le scalpel utilisé pour l'opérer, malheureusement notre patient était atteint par la syphilis qui contamine de ce fait notre Docteur. 4 ans plus tard, loin d'être guéri Kyoji décide de se sacrifier et de mettre fin aux fiançailles avec la femme qu'il aime pour la protéger...

Voilà un sujet qui aurait pu sombrer dans un drame larmoyant des plus indigestes s'il avait été mal maitrisé. Seulement quand vous avez un Kuro derrière la caméra qui sait parfaitement ce qu'il fait dans sa réalisation, dans sa façon de filmer ses acteurs, la donne est différente.
Toshirô Mifune qui avait su faire parler la fragilité du Yakuza qu'il campait, est une nouvelle fois épatant. Malgré ce calme apparent qu'il laisse paraitre, c'est subtil, mais on le sent bouillir de l’intérieur. On pourrait presque voir cette boule dans le ventre, représentant son injustice qui le ronge de plus en plus, capable d'exploser à tout moment. De ce fait les scènes avec cette fiancée qu'il aime mais n'ose toucher sont renversantes, c'est une véritable leçon d'humilité et un beau message d'espoir qui en découle.

On peut reprocher au film un rythme lent, un personnage central mutique peut être trop manichéen pour être intéressant, je ne suis pas du tout d'accord. Quand le drame est traité avec une telle justesse, avec cette modestie dans la narration qui permet de donner un impact aux scènes poignantes. On s'incline une nouvelle fois devant ce talent qui nous domine, on se tait et on savoure.

NB. Fait rigolo, on retrouve à nouveau le duo Toshirô Mifune/ Takashi Shimura pour notre plus grand plaisir. Sauf que Shimura joue le rôle du père de Mifune cette fois, n'étant pourtant séparés que par 15 ans de différence. Certes pas aussi chaud lapin que Sean Connery avec Harrison Ford mais sacrément précoce tout de même et le bougre a réussi à devenir médecin, chapeau bas Mr Shimura.

Créée

le 17 août 2013

Modifiée

le 17 août 2013

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