En utilisant des ficelles éprouvées tendant à apporter naturellement une grande rationalité à sa façon d'appréhender son art, un jeu de nuance basé sur ces trois piliers - image, lumière, son - le cinéaste Iranien Abbas Kiarostami parvient à restituer la simple évidence de l’importance de la vie.
Le titre, est à lui seul, une invitation à l’éclosion de ce noble sentiment, que ce sont les sens qui nous font éprouver cette rationalité et qui nous rappelle à certains fondements existentiels.
De par un procédé de mise en scène simple consistant à montrer l’évolution d’un personnage en quête d’un absolu que l’on devine dès les premiers plans, en élaborant son cheminement par une sorte de fixation dans un premier temps totalement emprunte du point de vue de l’autre, la caméra ne prenant comme point de vue que son personnage et son appréhension dans le regard de l’objectif, donc du spectateur, puis en inversant la donne en retournant l’œil sur le quidam, le réalisateur construit une jolie proposition de cinéma faite de faux-semblants puis d’évidences.
Dans un premier temps, étant donné le point de vue que l’on adopte de prime abord avec tous les clichés qui sont livrés à notre œil de spectateur-voyeur, on en fait rapidement un personnage suspect, aux ambitions pas obligatoirement bien intentionnées, le réalisateur adoptant alors le point de vue narratif classique. Puis au fil du temps, on appréhende toute la complexité de sa quête avant d’en comprendre la teneur.
Entre temps, le réalisateur nous aura recréée les fondements du cinéma par un habile jeu de contraste jouant la gamme complète des origines de ce noble art en utilisant un expressionnisme tant visuel que phonique qui touche à autre chose que de la simple déambulation.
On atteint ici une élévation emprunte de la noblesse des grandes œuvres dédiées à l’amour de l’humanité simplement. Aimer la vie, une bien noble mais bien oubliée notion qui donne toute sa grandeur à cette œuvre humble et modeste