Les femmes de bordel, c’est trop mou. Je préfère les bergères 
Bouvier musarde en assassinant froidement. Il tue pour châtier la société qui aurait été cruelle avec lui.
Le Juge et l'Assassin, œuvre magistrale de Bertrand Tavernier, se dresse comme un monument du cinéma français, profondément ancré dans les tourments de son époque. Le film, habilement construit, nous plonge dans une France de la fin du XIXe siècle, gangrenée par un antisémitisme virulent et les prémices d'une modernité troublante.
L'interprétation de Michel Galabru, loin des rôles comiques qui ont jalonné sa carrière, s'avère tout simplement stupéfiante. Il incarne Bouvier avec une intensité et une complexité qui laissent perplexe. La frontière entre la folie véritable et la manipulation calculée s'estompe, laissant le spectateur dans un état de perpétuelle interrogation. Cette performance exceptionnelle, audacieuse et mémorable, témoigne de l'étendue du talent de l’acteur et de la prise de risque brillante du réalisateur. Le personnage du juge Rousseau, interprété magistralement par Philippe Noiret, offre un contrepoint nuancé et pertinent, soulignant les tensions sociales et politiques de l'époque.
Le réalisateur, avec une maîtrise consommée, dépeint une société en proie à ses démons, où la justice se heurte aux préjugés et aux passions. La mise en scène, sobre et efficace, sert à merveille le récit, soulignant l'atmosphère pesante et oppressante de l'époque. Les dialogues, ciselés et percutants, résonnent avec une vérité qui transcende les années.
Bref, le métrage est puissant et troublant, qui interroge profondément la nature humaine et les dérives de la société. Il s'agit d'une œuvre incontournable du cinéma français, qui mérite amplement d'être redécouverte et appréciée.