Le Labyrinthe de Pan est un film qui prend aux tripes, un peu à la manière d'Harry, un ami qui vous veut du bien, avec le même Sergi López, tiens donc ! Guillermo del Toro, le réalisateur hispanophone à la culture jeune, vidéoludique et bédéphile, nous livre ici un film sur deux mondes, l'un réel et l'autre imaginaire. La petite héroïne s'invente (???) un monde imaginaire pour échapper au quotidien sanguinaire de l'Espagne franquiste dans ses pires moments. Mais qu'on ne présume pas trop vite d'un « Alice aux pays des merveilles » version hispanophone, le film est d'une violence et d'une froideur implacable (un peu dans la manière des films d'un autre réalisateur hispanophone, Alejandro González Iñárritu). Le spectateur de films fantastiques anglophones n'est pas habitué à ça. Pour la qualité intrinsèque du film, le constat est mitigé : le monde imaginaire est très bien mis en scène, del Toro est un vrai maître des effets spéciaux, mais on aurait aimé plus de profondeur, un monde plus abouti, plus recherché. Quant au monde réel, sa dureté est un peu exagérée. Au final, on est resté scotché, mais on peut pas dire que le film a été agréable à regarder, et c'est pourtant le but, non ? On peut arguer que le film demande plus d'investissement de la part du spectateur, mais il manque au film de la substance pour ce genre d'investissement. Deux mondes sont présentés, et aucun n'est toc, c'est déjà beaucoup, seulement le film en lui-même est assez repoussant.