Michel Leclerc se lance sur un sujet hyper casse-gueule : faire une comédie sur le sujet des violences faites aux femmes. Avec comme ressort principal une femme qui accuse faussement un pauvre innocent de viol. Pas une super idée quand on sait que les fausses accusations sont extrêmement rares, et qu'à l'inverse une majorité de femmes réellement victimes ne sont pas crues. Alors pour nous rappeler les faits par delà le ressort de sa comédie, il utilise le personnage du jeune flic qui nous énonce régulièrement les réalités statistiques. Pendant un temps, il se sort plutôt bien de son numéro d'équilibriste. La flic Simone se retrouve petit à petit sensibilisée aux arguments des féministes, et commence à regarder son milieu de travail très masculin d'un autre œil. Les gags, sans être omniprésents, nous amènent régulièrement un éclat de rire franc (souvent avec le personnage gaffeur de Melha Bedia). Benjamin Lavernhe est bon dans son rôle d'homme doux, gentil, looser et paumé. On y voit clairement une référence aux personnages joués par Pierre Richard dans les années 70. Et une fois qu'on a dit ça on se dit qu'on préférait quand même Pierre Richard.

Puis vers la fin arrivent les faux pas. Benjamin Lavernhe qui répètent en boucle à ses amis et sa femme "pourquoi je ne pourrais pas être un violeur moi, je pourrais violer une femme" : ce n'est pas drôle, c'est surtout horriblement gênant.

Il se sent obligé d'embrasser une femme sans son consentement pour avoir l'impression d'être un homme et d'être moins un looser. A la fin on voit venir gros comme une maison qu'il va tromper sa femme avec la policière alors que l'originalité et le ton général du film aurait plutôt mérité qu'il ne se passe rien.

Le Mélange des genres est plein d'idées plutôt originales et aborde des questions de société actuelles avec ce petit pas de côté qui permet de rire et réfléchir en même temps, une manière de faire qu'on trouvait déjà dans la plupart des films de Leclerc. Malheureusement, le sujet grave semble n'avoir été qu'un prétexte, puisqu'on ne se donne pas la peine de dénouer toutes les situations qui ont été amenées : la femme qui a tué son mari (qui fait référence à l'affaire Jacqueline Sauvage), Sofia est-elle à nouveau acceptées par les hardies ? S'en sort-elle ?, que devient la policière avec ses nouvelles convictions ?, qu'arrive-t-il à son mari par rapport à sa faute professionnelle ? comment se retrouve-t-on blanchi après une fausse accusation hyper médiatique (personnage de Benjamin) ?

Enfin, concernant la bande originale, je déteste Vincent Delerm, donc je ne pourrais pas en dire du bien.

Au final, Michel Leclerc est passé pas loin de réussir son pari, mais a tout de même fini par se prendre les pieds dans le tapis. C'est vraiment dommage, car il y avait matière à faire une œuvre qu dénonce et ouvre les yeux en même temps qu'elle fait rire. Quelque chose que Kervern et Delépine savent bien faire.

mastresticator
6
Écrit par

Créée

le 11 oct. 2025

Critique lue 2 fois

mastresticator

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Le Mélange des genres

Le Mélange des genres
Josselin-le-gamin
6

Mélange des avis

Vu au Festival de l’Alpes d’huez en janvier mon visionnage date un peu donc ma critique ne sera pas extrêmement précise sur l'aspect technique.Une mise en scène audacieuse pour une comédie là dessus...

le 12 avr. 2025

13 j'aime

2

Le Mélange des genres
cadreum
3

Slogans

Qui est le film ? Michel Leclerc s’est fait connaître avec Le nom des gens, comédie politique vive et audacieuse, qui réussissait à conjuguer légèreté narrative et sérieux idéologique. Quinze ans...

le 22 août 2025

6 j'aime

Le Mélange des genres
JorikVesperhaven
7

Woke ou pas woke (telle est la question).

Michel Leclerc est un cinéaste régulier et prévisible, sans que cela soit péjoratif. C’est-à-dire que, comme un Woody Allen ou un Ken Loach, on sait le genre de proposition que l’on va voir à chacun...

le 25 avr. 2025

6 j'aime

6

Du même critique

L'Exil - Islander, tome 1
mastresticator
1

Critique de L'Exil - Islander, tome 1 par mastresticator

Le résumé me laissait imaginer un récit d'anticipation particulièrement intéressant et éclairant par rapport aux actualités de notre époque (migrants d'Afrique et du Moyen-Orient qui cherchent à...

le 21 avr. 2025

2 j'aime

1

La Venue de l’avenir
mastresticator
4

Critique de La Venue de l’avenir par mastresticator

Curieux film. Les séquences se déroulant dans le présent sont excellentes. Le casting est impeccable. Mention spéciale à Abraham Wapler, jeune acteur charismatique que je ne connaissais pas. Les...

le 24 oct. 2025

1 j'aime