Le Passé par Flip_per

Trop touffu et mécanique pour émouvoir à sa juste valeur, le scénario reste techniquement brillant et riche psychologiquement (si on prend le temps de s'y attarder). Excellente composition de Bérénice Béjo, les deux autres comédiens adultes paraissent bien fades à côté. On retrouve ce recours aux parois vitrées et autres éléments de décor présents dans "La séparation", qui cloisonnent les individus (scène du début à l'aéroport, puis à la fin lorsque Ahmed quitte la maison sous les yeux de Lucie), ou les retient inexorablement au sol (le branchage dense qui surplombe le jardin où les enfants peinent à faire décoller un hélicoptère télécommandé, tandis qu'Ahmed confie un dernier secret à l'oreille de la petite fille !). Le film apparait assez dépressif, la communication semble ne rien résoudre (seule la mort cérébrale de Céline, et encore, permet d'entrevoir une possible libération de Samir ?). Les rapports humains sont inexorables, assez froids, hormis l'attachement indéfectible (plutôt contradictoire, mais pourquoi pas), dont témoigne Samir pour sa femme tombée dans le coma ("Tu as gardé l'enfant, conçu par accident, pour effacer Ahmed de ta vie !" dit-il en substance à Marie; sans parler de Céline pour qui il était indifférent que son mari ait une autre liaison !).

En tout cas, on est admiratif de l'aisance dont témoigne Farhadi pour réaliser un film qui en apparence a tous les traits d'une culture qui lui est étrangère ! Bien qu'en sondant davantage, on puisse retrouver ses obsessions.