Le portrait de génie
Le Portrait de Jennie rejoint les grands films abordant le thème passionnant de l’amour fou et Dieterle s’inscrit parfaitement dans la lignée des Borzage, Hathaway, etc. Ici il s’agit de l’amour...
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le 15 avr. 2018
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--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au quatrième épisode de la huitième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfères juste le sommaire de la saison en cour, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/soul_s/3323463
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
J'avance, et plus l'Histoire avance, plus le fantôme se drape d'une mélancolie enivrante, de cette magie mystérieuse, d'un mysticisme romantique. Le fantôme n'a pas de livre de référence, pas de berceau, pas de culture d'origine. Il est partout, depuis toujours volubile dans sa représentation, ethéré dans sa définition. Est-ce que Jennie est réellement un fantôme ? Certainement lors d'un autre mois, sur un autre monstre, j'aurais contesté, décrié, ironisé ce fantôme qui vieillit, qui n'obéit à aucune loi logique dans la réalité intrinsèque du film, parfois tangible parfois intangible, parfois visible parfois invisible, parfois prévisible parfois imprévisible. Non il n'a pas vraiment de sens ce fantôme mais, eh, c'est un fantôme voila tout.
Passé ce manque établit de cohérence, le film s'aligne aux autres qualités de ses prédécesseurs. Un fantôme espéré, désiré, attendu, et qui ne s'offre que par fragments, qui se dérobe quand on croit l'atteindre, ce qui ne le rend que plus captivant et obsédant. Evidemment que le fantôme ne m'a donné que des histoires d'amour jusqu'à présent. Je passerai outre cet homme qui tombe amoureux d'une petite fille morte et qui attend qu'elle grandisse pour se la taper, c'est... Heu... En fait c'est ça le vrai gros défaut du film. Son propos qui, caché derrière des tonnes de mysticisme, enrichit et engraissé par des cartons simili-poétiques au début, et une licence simili-artistique à la fin sur la portée intemporelle de l'art bla bla bla, derrière tout ce snobisme se cache une histoire un peu dégueulasse de vieux pervers qui aiment bien les petites filles...
Est-ce que j'ai envie d'aimer le film malgré tout ? En fait je n'aime pas le film, je n'aime pas son côté pompeux, je n'aime pas ses effets spéciaux ratés et dispensables, je n'aime pas son propos lourdingue sur l'art, ni d'ailleurs son propos sur l'amour (j'avais cet avis là sur l'amour quand j'avais 15 ans, mais sérieusement, ça n'a aucun sens et c'est dangereux de penser comme ça). Mais j'aime son fantôme. J'aime l'originalité de ce fantôme qui n'apparait qu'en pointillés pour retracer l'histoire de sa vie. J'aime ce fantôme qui n'a pas vraiment conscience d'être un fantôme, sans pour autant se prendre vraiment pour un vivant. J'aime ce fantôme incohérent finalement, qui défie tous les codes avec lesquels on voudrait le représenter, pour être un vrai fantôme, sans aucune loi. J'aime ce fantôme qui revit sa mort et qui disparait, qui avait juste besoin de la comprendre pour l'accepter et pour partir, qui avait juste besoin de donner un sens à sa vie, même dans l'au-delà. Bon, que le sens de la vie en question soit juste un vieux monsieur, ça c'est une autre histoire...
J'aurais aimé ce film certainement si je l'avais vu à 15 ans. J'aurais aimé cette vision transcendente de l'amour, cette croyance que l'amour véritable réside dans une âme soeur qu'il faut trouver à tout prix, qui est unique, qui est peut-être déjà morte, peut-être à l'autre bout du monde, mais que la vie consiste simplement à chercher cette moitié qui nous permettrait d'être complet. Aujourd'hui ce genre d'histoire me donne la nausée, les romances qui me plaisent sont celles dans lesquels des couples se forment, et se battent pour rester unis, pour continuer de mériter l'autre, d'être à la hauteur et l'aider à s'épanouir. Pas celle d'un viel artiste sans talent séduit par une petite fille qui lui chante une chanson, et d'une femme morte qui tombe amoureuse d'un type lambda sans avoir même été présenté. Je veux dire, elle le sort de sa poche son prénom, avant qu'elle le prononce pour la première fois au bout d'un tiers de film on ne savait pas comment s'appelait le bougre ! Oui j'aurais aimé ce film a 15 ans, alors que je venais de vivre l'épiphanie de comprendre que l'art rend ce qu'il touche immortel, que c'était ce qui le rendait grand, plus grand même que l'humanité. Aujourd'hui je pense toujours cela évidemment, mais j'ai muri probablement, et j'ai étudié aussi, et notamment le courant dit du Film d'Art. Celui qui consistait à foutre de l'art partout dans le cinéma, de l'architecture dans les décors, du théâtre dans l'interprétation, de la musique dans la bande son, de la littérature dans le scénario. Et que tout cela ne servait qu'à dissimuler qu'on ne savait pas encore vraiment faire de l'art avec le cinéma. Le film de ce soir me donne un peu ce sentiment. Il y a de l'art dedans. Mais est-ce que ce film en lui-même est une œuvre d'art ? J'ai un peu l'impression qu'il se force.
Le Portrait de Jennie rejoint les grands films abordant le thème passionnant de l’amour fou et Dieterle s’inscrit parfaitement dans la lignée des Borzage, Hathaway, etc. Ici il s’agit de l’amour...
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le 15 avr. 2018
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7
Un très beau film romantico-fantastique dont les Américains avaient la bonne recette à cette époque ; on songe parfois à Le Fantôme de Mme Muir en regardant Le Portrait de Jennie. Une belle histoire...
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le 15 juil. 2018
4 j'aime
2
Un beau film onirique et poétique sur l’amour éternel et l'art. Ce conte surréaliste est mis en valeur par une photographie qui sublime New York, Central-Park en particulier, et amène le fantastique...
le 17 janv. 2014
3 j'aime
2
Me voila encore une fois obligée de saluer le travail du chef-opérateur, pour sa réflexion sur les cadres, avant le tournage, et le soin apporté à ceux-ci, pendant. Évidemment, bande son formidable,...
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le 29 févr. 2016
4 j'aime
--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au...
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le 10 nov. 2020
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Parlons peu, parlons bien : -Oui, le scénario est ultra-convenu et cousu de fil blanc. -Oui, les acteurs sont catastrophiques et dans le sur-jeu en permanence. -Oui, toutes les autres critiques qu'on...
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le 18 janv. 2017
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