Luc Moullet cherche, en vain, à se faire financer son prochain film. Alors en repérages dans le Sud, il va découvrir un corps au fond d'une crevasse. Cela va lui donner une idée ; celle de substituer son identité avec celle du monsieur déjà mort afin que les médias couvrent la mort de Luc Moullet avec diffusion de ses films en prime. L'argent récolté lui permettrait d'avoir assez d'argent pour financer son nouvau long-métrage, une fois la supercherie révélée.
De Luc Moullet, je ne connaissais que ses courts-métrages, dont le plus connu fut celui où il tenta d'ouvrir une bouteille de Coca-Cola. Là, c'est premier film que je vois, et il faut dire que si l'humour y est absurde, l'austérité de la forme risque d'en laisser plus d'un sur le carreau.
On voit bien que le réalisateur n'a eu aucun argent pour faire son film, donc c'est souvent fait avec moyens du bord, dont un stock shot pour suggérer un avion qui passe ! De plus, celui-ci joue le rôle principal, changeant fréquemment de tête, dans sa quête obstinée de faire un nouveau film.
Ça démarre par une excellente introduction où Moullet rencontre une productrice qui se montre au départ (faussement) intéressée, puis lui montre gentiment la porte, après lui avoir suggéré comme casting pas moins que Gérard Depardieu ou encore Jamel Debbouze, soit l'alpha et l'oméga dans la carrière du réalisateur.
Ensuite, c'est un road movie, où Moullet dicte par téléphone les consignes à suivre concernant sa propre mort, qu'il suit via les journaux, espérant qu'il va toucher un maximum d'argent. Patatras, on va apprendre ensuite de que Jean-Luc Godard va décéder, ce qui va occuper complètement l'espace médiatique et reléguer au second plan celle (supposée) de Moullet.
Tout le film n'est qu'une suite de péripéties, avec le physique et la diction particulière de Moullet (il avait quand même près de 70 ans au moment du tournage), qui est une jolie satire sur le manque de reconnaisse qu'on a vivant, et qui soudainement explose une fois mort.
A ce sujet, il y a une grosse pique contre un producteur qui, lors de l'annonce de la mort de Moullet, ira dire qu'il allait produire le film qu'il voulait, qu'il était un génie etc... Une fois qu'il a montré qu'il était vivant, Moullet se pointe chez ce producteur, hébété... et qui ne produira pas ce film tant espéré.
Il y a toute une dernière partie avec Bernadette Laffont, qui joue la responsable cinéma de Francetélévisions, qui va aller suivre le réalisateur dans le Sud afin que ce dernier lui prouve bien qu'il est Luc Moullet.
Le rythme très lent du film ne le destine pas à tous, d'autant plus que c'est souvent un humour à froid. Mais il y a là quelque chose de touchant, presque désespéré dans la tentative de Moullet de montrer qu'il est encore vivant, et qu'il faut célébrer les artistes tant qu'ils sont encore là.