Pour Gabin, Morgan et, surtout, Renoir
Certainement le meilleur film du tâcheron Maurice Gleize, qui a une longue liste de navets à son actif, qui grâce au couple Gabin-Morgan, sauve son nom de l'oubli dans lequel il serait tombé si ce film n'existait pas.
Ambiance typique du réalisme poétique mâtinée d'exotisme de carton-pâte, à la mode dans la seconde partie des années 30. Cela dégage à certain charme qui éveille l'intérêt. Pourtant, Charles Spaak, talentueux scénariste et adaptateur des plus grands films des années 30, 40 et 50, fait le minimum syndicale dans l'écriture, n’insiste pas sur la description de la psychologie complexe des personnages, bâcle carrément l'écriture de certaines séquences et s'attarde trop sur d'autres - l'épidémie, accessoire au final - mais parvient toutefois à sauver le film du "naufrage".
Pour autant, des fulgurances, tant dans la mise en scène que dans l'écriture surtout dans les séquences sur le paquebot et dans la cabane où Michèle Morgan s'est réfugiée. Une honorable direction d'acteurs, avec le numéro cabotin de Saturnin Fabre qui en une séquence tire la couverture à lui seul durant quelques minutes. Jean Gabin est parfait en "héros romantique", comme d'habitude, mais n'y aurait-il pas une certaine lassitude à incarner toujours le même type de personnage ? Morgan, plus en deça, que dans "Quai des brumes" et le futur "Remorques" avec le même Gabin. Toutefois, le cinéaste semble éblouit par son éclatante beauté, le spectateur également. Puis, il y a Pierre Renoir, inoubliable en inspecteur fouineur, qui promène sa silhouette fantomatique avec son ciré noir tout le long du film, telle la présence de la "Statut du Commandeur"...
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