Le temps de l’innocence semble être presque une anomalie dans la filmographie de Martin Scorsese. Je me demande bien ce qui l’a motivé à adapter un roman d’Edith Wharton au début des années 90, lui qui est habitué à filmer le peuple et la pègre.L’histoire du Temps de l’innocence a beau se passer à la fin du dix neuvième siècle et j’avoue avoir préféré Daniel Day-Lewis dans le rôle du boucher dans Gangs of New-York. Ici, son personnage de cet homme de la haute société préférant se conformer aux codes de son rang plutôt que d’obéir à son penchant pour une comtesse plus vivante et moins guindée n’interpelle pas vraiment. Même si les décors et les costumes sont magnifiques, on sent que Martin Scorsese n’est pas dans son élément. Il convoque régulièrement des moments narratifs du roman original via une voix-off comme pour appuyer sa mise en scène qu’il ne doit pas trouver si éloquente. Le casting trois étoiles ( Michelle Pfeiffer, Winona Ryder, Jonathan Pryce entre autres) évolue aussi dans une fresque plutôt téléphonée et les scènes s’alignent sans qu’aucune surprise ou mouvement intéressant ne pointe à l’horizon. C’est une expérience assez frustrante que ce film ayant tout pour marquer mais ronronnant dans un rythme presque soporifique.Une pointe de panache ou d’infidélité dans l’adaptation aurait peut-être permis une respiration salutaire. Mauvaise pioche, tant pis. La dramatique exacerbée aurait gagné grâce à un contrepoint habité et sensible et ce ne fut pas le cas.