Vieille femme dévote et naïve, Maniette Thomas (Catherine Frot) ne comprend pas ce qui lui vaut de n’être jamais malade ni blessée. Elle voit là le signe d’un châtiment de Dieu, qui voudrait ainsi la laisser sur Terre tant qu’elle n’a pas corrigé une erreur dont elle ignore la nature. C’est ce moment que choisit son fils Sidney (Albert Dupontel) pour débarquer sans prévenir chez elle, alors qu’elle ne l’a plus vu depuis 20 ans. Découvrant avec horreur que Sidney est devenu gangster, Maniette imagine dès lors que c’est la raison pour laquelle Dieu lui en veut. Elle décide alors de faire revenir Sidney sur le droit chemin, avec ou sans son consentement…


Albert Dupontel est sans nul doute ce qui est arrivé de mieux à la comédie française de ces vingt dernières années. Après un Bernie en demi-teinte, il a fait montre de toute l’intelligence de sa satire au vitriol dans l’excellent Le Créateur, et si Enfermés dehors faisait légèrement pâle figure aux côtés des deux films entre lesquels il s’insère, l’on voit déjà se profiler 9 mois ferme, sans doute la plus grande réussite de Dupontel à ce jour. C’est dire que le comique, s’il ne nous propose pas une œuvre prolifique, aime à travailler chacun de ses films de manière à nous offrir le meilleur de son art.
Avec Le Vilain, il ne fait pas exception à la règle et nous propose encore un film aux cadrages soignés, au style cartoonesque délicieux et aux acteurs parfaits. Si le choix de Catherine Frot n’apparaît pas comme une évidence pour incarner une femme âgée de 30 ans de plus qu’elle, sa prestation savoureuse fait oublier sans problème cette erreur de casting qui n’en est pas une, soutenue par un Albert Dupontel excellent, et des seconds rôles brillants (Nicolas Marié et Bouli Lanners, toujours hilarants).
Certes, la folie habituelle de l’acteur-réalisateur est ici en mode mineur, ce qui introduit quelques sévères baisses de rythme, mais c’est peut-être aussi ce qui fait de ce Vilain son film le plus accessible. L’on y ressent particulièrement tout le talent de Dupontel à croquer de manière savoureuse des personnages diablement attachants, que ce soit Maniette qui cherche à sauver son quartier et n’hésite pas à se tremper pour aider son fils à se débarrasser de promoteurs sans scrupules ou bien Sidney qui se découvre une tendresse filiale envers une mère qu’il n’a jamais voulu vraiment connaître jusqu’à aujourd’hui.
Et c’est lorsqu’on sent pointer une discrète mais présente émotion dans une séquence finale très réussie que l’on sent que l’acteur-réalisateur a atteint son but. Et l’on découvre par la même occasion que derrière cette façade de peintre acerbe et cynique de la société qu’est Dupontel se cache un homme sensible, capable d’autre chose que de faire rire ses spectateurs du malheur des autres. Une découverte qui se confirmera en tous points avec son film suivant, 9 mois ferme et n'en doutons pas, également avec son prochain Au revoir là-haut

Tonto
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le 7 juil. 2017

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