Artificialité libératrice.
On commence par un prologue étonnant pour l'époque esthétiquement très réussi, permettant de poser la thématique du film : l'artificialité, la question du double. Prologue qui s'enchaîne sur la présentation du personnage principal : en rayon X ) ! Teshigahara est sublime ! Quelle meilleure façon de montrer l'absence de visage que par les rayons X ! Aucun bluff ! Il nous balance la donne : j'ose les expérimentations visuelles. Sur-cadrage dans le cabinet du psychiatre (un espace totalement pur, inquiétant. Une zone transparente où les reflets se croisent. Cette transparence renforçant l'idée que dans cet espace, le masque tombe : le personnage est à la fois l'homme au visage brulé et l'homme au masque) avec la coupe d'un corps humain : synonyme de reconstruction ! Zoom nombreux s'arrêtant sur les personnages, leurs détails renforcés par une photographie en noir et blanc vraiment précise. Utilisation d'une série de photogrammes pour accélérer l'action, s'arrêter sur les détails des autres personnages ! Cadrages sublimes : du « très » gros plan chirurgical au plan large impersonnel.
Teshigahara use d'une forme novatrice pour accompagner un récit lui-même osé, explosé en deux parties : une sur l'homme au visage mutilé et l'autre sur une jeune femme elle-même défigurée: le double de l'homme. Qu'importe si le récit de la jeune femme est moins développé que celui de l'homme et que le passage d'un récit à l'autre ne soit pas toujours fluide (malgré un très beau raccord grâce la bande sonore), l'idée est intéressante et osée. Elle renforce la problématique du film : celle de la dualité. Le masque est vraiment un cache ? Ou plutôt une porte vers la liberté ? Une révélation monstrueuse.
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