Bon, c'est bien hein... Je veux pas mettre 6 et donc le placer en dessous de "Age of assassins" ou "La torpille humaine" que je préfère pourtant d'une bonne longueur, et avec les critiques absolument dithyrambiques en ces pages, c'est assez intimidant, et puis c'est une recommandation de Templar, ce serait dommage de venir râler... En plus, je ne me vois pas décortiquer le discours du film...
Disons que c'est un gars sans visage plutôt tendu qui se fait greffer un visage synthétique par son psychiatre. Alors il est content, mais son psychiatre lui dit qu'en fait, il faut apprivoiser et se laisser apprivoiser par son nouveau visage qui est un masque mais surtout une autre personne, pour pouvoir renaître sous son véritable nouveau lui. Là, il comprend qu'il faut qu'il sorte et qu'il drague. A côté de ça, sa femme, amoureuse et sensuelle, est laissée de côté et tente de lui montrer que les femmes aussi se maquillent pour porter un masque... Plus tard, il décide de séduire sa femme avec son nouveau visage ce que son psychiatre lui déconseille fortement... Et une jeune fille au visage mutilé part nager dans l'océan aussi...
Donc non, c'est très carré dans son expérimentation et bien construit. Plein de questions sur la nature de soi par les traits extérieurs qui identifient son moi intérieur : "Suis-je vraiment une personnalité plus libre puisque personne ne connaît mon vrai visage ou n'est-ce que la création d'un nouveau personnage pour protéger ma personnalité comme le fait tout le monde ?"... Plein de petites trouvailles de plans wiz-pop, des plans qui s'arrêtent avec des bouts de corps et des lignes droites de bâtiments et de mobiliers 60's qui coupent le cadre. De belles ruelles paumées et même un bar stylé teuton avec une japonaise qui chante allemand et des japonais qui jouent de l'accordéon et boivent dans des pintes de Munich.
Tatsuya Nakadai est logiquement glacial et je ne peux lui résister mais je l'ai quand même vu beaucoup plus vivant et expressif dans tout un tas d'autres films, logique... Et puis, il est encore jeune. Je préfère aussi de loin être dans un désert avec une femme nue que de voir Tatsuya Nakadai s'interroger sur la nature de son faux/vrai visage avec son psychiatre pendant 2h00, avis perso.
Mais je m'égare. Teshigahara sait filmer pas de doute, en particulier les gros plans. L'introspection est intéressante et l'ambiance entre film noir et pop 60's avec pointe de science-fiction de premier ordre. Et puis Kyô Machiko aussi bien sûr, belle et naturelle.
C'est bigrement proche des "Yeux sans visage" de Georges Franju* par certains côtés, une réalisation et un noir et blanc soignés avec une ambiance psychiatrique et mystérieuse de film noir. Mais c'est aussi très différent, plus bavard et cérébral, moins d'histoire ici, avec une ambiance de nouvelle vague nippone stoïque et étrange comme il faut.
Un film intéressant, qu'il soit captivant et émouvant, c'est autre chose.
* (Déçu mais il mériterait sans doute 7 aussi.)