Ténèbres & lumières entremêlées...

Depuis mon enfance, ce film m'a toujours fasciné. Legend, monde des contes de fées visité par Ridley Scott, narre la sempiternelle lutte du Mal contre le Bien.

L'aube se lève sur la sylve profonde et verdoyante grouillante de vie et de magie. Une candide princesse se promène au cœur des sous-bois à la recherche de son ami, un jeune homme simple qui vagabonde à son gré dans cet univers de faune et de flore. Un couple de licornes batifole le long d'un ru cristallin... Mais les ténèbres souhaitent la fin de la lumière, l'éradication du Bien et le silence de la Mort. Ses séides ourdissent le trépas des gardiennes de la lumière. Commence alors la bataille sans répit du Bien et du Mal. Le crépuscule décidera de l'avenir du monde...

Si Tom Cruise, à l'aube des années 80, incarne plutôt bien ce jeune éphèbe, Mia Sara se révèle ambigüe à souhait dans ce rôle de princesse, naïve mais dont les intentions louables dissimulent un fond de noirceur celé. L'Enfer est pavé de bonnes intentions et les siennes vont la conduire dans la demeure du seigneur des ombres. Ce dernier, sublime et terrifiant, tentera de convertir la belle à ses menées. Tout en nuances et en subtilité sous des atours apparemment candides, ce récit fait écho aux contes de jadis qui, drapés de féérie, évoquaient le plus noir de l'âme humaine. Ils ont depuis été largement masqués par les oripeaux de la modernité sucrée mais possédaient la vertu de confronter les enfants voire leurs parents à leurs pires terreurs : l'obscurité, la maladie, la mort.
On retrouve dans ce récit une once de ces narrations entre ombre et lumière, où l'apparence d'un être, selon qu'il soit éclairé ou pas, pouvait varier du tout au tout. La princesse qui virevolte dans une danse hypnotique en est l'essence et se fond avec ce présent maléfique qui doit l'emporter vers la noirceur.

Si l'époque n'était pas encore dotée d'effets spéciaux (ou alors sommaires), les costumes et autres postiches avaient atteint un degré de maîtrise stupéfiant : les nains, lutins, farfadets et kobolds arborent des faciès qui octroient un supplément d'âme à cette histoire. De la même façon, l'absence de digital obligeait les réalisateurs à rivaliser d'ingéniosité pour créer de l'émotion et façonner un monde de rêve. Dans Legend, il est devenu réalité et le voir une fois encore m'a plongé dans ce temps où la narration savait se poser pour offrir des instants de grâce.

Une époque devenue légendaire et qui semble malheureusement surannée pour nombre de spectateurs. Alors pour ceux qui aiment la poésie et ont conservé une once de leur âme d'enfant, cette histoire est faite pour eux.