Longtemps, j'ai boycotté Xavier Dolan à cause des commentaires dithyrambiques dont certains proches me rebattaient les oreilles. L'expression "c'est un génie" suffit en général à me dresser les poils sur les bras et à passer mon chemin. Tout ce qui extrême est insignifiant.
Mais comme il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, je suis finalement allé voir au cinéma l'excellent "Mommy". Très belle surprise que ce film plein de charme, de trouvailles esthétiques, d'audaces de mise en scène, de fraîcheur dans le jeu, de subtilité dans les thèmes traités. J'étais conquis.
En m'attaquant aux "Amours Imaginaires" je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais j'espérais secrètement me prendre une claque comme avec "Mommy". Finalement, la claque n'est pas arrivée, mais pas de vraie déception malgré tout.
Le film est moins abouti, moins profond, moins mature que "Mommy"... Est-il encore nécessaire de rappeler que Dolan avait 21 ans lors de sa réalisation ? Probablement. Car, finalement, et malgré le talent du jeune réalisateur, on est bien là face à un film d'adolescent. Mais un film d'adolescent réalisé avec maestria, subtilité, sensibilité et humour.
L'esthétique, si elle n'a rien de révolutionnaire et peut en agacer certains, est très appréciable et parfaitement maîtrisée (certains réalisateurs plus âgés peuvent en prendre de la graine !). Les métaphores visuelles, si elles ne sont pas toujours subtiles, restent plaisantes. L'histoire est simple, concrète, dépouillée. Mais elle permet de se concentrer sur les personnages et leurs sentiments plutôt que sur les rouages d'une intrigue alambiquée. Les jeunes acteurs sont tous plutôt bons... mais, finalement, sont-ils en train de jouer ? Le film est bien rythmé et je n'ai pas vu le film passer, ce qui est plutôt bon signe en général ! Je n'ai pas en dire autant de certains blockbusters récents, pourtant censés être du pur divertissement...
Mais surtout, Les Amours Imaginaires est ponctué de belles scènes qui font écho à ce qu'à pu vivre tout un chacun. On ne peut qu'avoir le cœur qui bat ou les tripes qui se nouent avec nos héros. Et cette osmose est plaisante.
En bref, une jolie fable sur les amours de jeunesse, pas toujours à la hauteur de ses ambitions, mais toutefois techniquement maîtrisée et sentimentalement appréciable. Du marivaudage contemporain, simple mise à jour de sentiments humains universels. Xavier Dolan a t-il le génie qu'on lui prête ? Je ne m'avancerait pas sur cette question, mais je lui accorde bien volontiers un très grand talent !