Jaws-3D semble très fier de sa technologique et des nouveaux frissons qu’elle peut susciter auprès du public ; dès lors, la réalisation oscille entre des gros plans destinés au relief, qui font surgir poissons et mammifères ainsi que membres déchiquetés flottant çà et là, et d’autres d’une platitude terrible, comme exécutés machinalement entre deux défis visuels. Le résultat, pour le spectateur contemporain, relève du supplice : la 3D montre rapidement ses limites, elle qui paraissait déjà datée au moment de la sortie du film, si bien que le découpage des vaisseaux nautiques ou de la femme requin blanc suscite hilarité et consternation mêlées. Mais ce défaut sur le plan visuel engendre un second défaut, plus important encore, sur le plan du rythme : l’arrêt par pauses sur des objets et des corps casse la dynamique d’ensemble et détruit l’action, au même titre que le montage approximatif.
Ce qu’il manque cruellement à ce troisième volet est la présence, derrière la caméra, d’un cinéaste ; ce qui lui fait défaut, terriblement, c’est une mise en scène apte à intégrer les innovations 3D dans un récit solide, par ailleurs ici scénarisé par Richard Matheson. Qu’un grand requin blanc propulsé dans un parc d’attractions en compagnie de son petit diffuse un tel sentiment d’indifférence laisse sans voix.