A peine la saga venait-elle de se renouveler avec Au service de Sa Majesté, que la EON procède à son premier grand rétropédalage avec Les diamants sont éternels. George Lazenby ne souhaitant pas rééditer l’expérience, il faut trouver un remplaçant, et si de nouvelles têtes avaient été identifiées, c’est nul autre que Sean Connery qui revient en urgence, alors qu’il avait pourtant laissé le costume au placard.
Un homme cherche la vengeance. De lui on n’entend que la voix, qui interpelle des hommes qui paient leur collaboration étroite ou éloignée avec le SPECTRE d’un coup de poing de la figure. « Where is Blofeld ? » Une question qui fait sens après la fin tragique d’Au service secret de Sa Majesté. Mais ce n’est pas le visage de George Lazenby que le spectateur finit par découvrir, et c’est bien celui de Sean Connery, dont les habitués avaient déjà reconnu la voix, bien sûr. Après la gravité et la douleur, le spectateur ressent une sorte de nostalgie joyeuse, car ce retour de l’acteur écossais sonne comme une sorte de retour à la maison. Une nostalgie qui coïncide avec la forte présence du passé dans ce septième film.
Un passé qui s’incarne avec le retour de Sean Connery, donc, mais aussi avec celui de l’inénarrable Blofeld, qui change à nouveau d’apparence. C’est aussi le retour de la fameuse « recette miracle » invoquée par la EON, qui fait revenir Guy Hamilton, le réalisateur de Goldfinger, aux commandes, tout comme Shirley Bassey pour interpréter la chanson titre du film, Diamonds are forever, sûrement l’une des plus belles de la saga, en passant. Après la prise de risque que fut Au service secret de Sa Majesté, la EON choisit de revenir dans sa zone de confort, et le résultat est vraiment surprenant. Les diamants sont éternels est un Bond décomplexé, généreux en termes de divertissement, jouant régulièrement la carte de l’humour, avec un côté décalé qui peut rendre le film aussi agaçant qu’attachant.
La première fois, le film m’avait laissé sur une impression assez négative, le reléguant à mes yeux à la dernière place de mon classement personnel. En le revoyant dans un nouveau contexte, c’est une toute autre expérience qui s’est offerte, avec une certaine tendresse envers ce film qui est apparue. Car on se prend facilement au jeu, grâce à des combats bien filmés, une mise en scène efficace, ce duo de méchants improbable mais mémorable… Même si l’implication de Sean Connery est relative aux motifs de son retour, il assure sa mission, face à un Blofeld (Charles Gray) plus exubérant que dans les précédents films.
Les diamants sont éternels ne retrouve pas le panache d’un Goldfinger, par exemple, et il ne manque pas de défauts, comme une gestion de l’humour parfois hasardeuse, un côté excessif et dépassé. C’est ce qui fait, une nouvelle fois, sa spécificité, son « charme », mais aussi sa faiblesse. Le kitsch et la démesure sont sûrement les deux mots caractérisant le mieux Les diamants sont éternels, qui s’affiche comme un dernier coup de rétroviseur vers une époque avant d’en ouvrir une autre, ignorant certes hélas trop le film précédent, mais ayant une certaine sincérité dans son dispositif.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art