mars 2011:

C'est assez rare pour le signaler : je me suis ennuyé devant une création de Jean-Pierre Mocky! Autant j'adore ses ludiques partitions, avec Bourvil notamment, autant ce film à la distribution alléchante se révèle d'un ennui considérable.

Le scénario a beaucoup de similitude avec pas mal de films de l'époque sur la jeunesse. Je pense aux "Cousins" de Chabrol, à des films d'Allégret, à tous ces films qui mettaient en scène la frivolité de la jeunesse pré-68arde, ses difficultés à trouver une place dans une société où les rapports sexuels étaient trop solidement cadenassés par les interdits innombrables et l'absence de moyen de contraception sérieux.

L'idée de Jean-Pierre Mocky est bonne toutefois. Il voulait certainement montrer ce parcours du combattant que constituait la drague, une épopée qui vous amenait jusqu'au bout de la nuit, semée d'embuches.

Malheureusement, les personnages sont trop peu intéressants, tous à peu près stéréotypés. Charles Aznavour en premier lieu joue le rôle du benêt naïf, crédule et peu doué avec les filles, trop romantique, avec ses yeux de cocker triste.

Mais Jacques Charrier, les paupières mi-closes est vite agaçant, jouant très mal, ressemblant plus à un vieux pervers qu'à un véritable playboy irrésistible. Son jeu si peu crédible fout en l'air toute l'histoire.

Des comédiennes, celle qui m'a le plus impressionné -j'avoue qu'à bien y réfléchir elle est bien la seule- c'est Anouk Aimée, une actrice que je connais peu. Le contraste, lors de leur scène commune à Montmartre est saisissant avec Charrier : elle y respire le naturel, l'aisance alors que l'autre semble avoir omis d'enlever la balai de l'intérieur de son anatomie et ce regard de merlan-frit qui fait figure d'œillade charmeuse.

Tout aussi gênant reste une histoire qui nous balade sur plusieurs points de la capitale française et nous présente une flopée de personnages plus ou moins remarquables, autant de petites scénettes dont l'unité et le sens général me demeurent invisibles. Où veut en venir Mocky? Sa mise en scène comme son scénario ne manifestent que peu d'entrain à expliciter un ou deux éclaircissements sur ce point, c'est bien ennuyeux car on n'y voit goutte et on finit par bailler.
Alligator
4
Écrit par

Créée

le 17 avr. 2013

Critique lue 671 fois

3 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 671 fois

3

D'autres avis sur Les Dragueurs

Les Dragueurs
Boubakar
7

Les débuts de Jean-Pierre Mocky

Après un faux départ (il devait réaliser Les yeux sans visage), Jean-Pierre Mocky tourne le premier de sa large filmographie en parlant d'un sujet très novateur à l'époque, la drague. On suit deux...

le 16 juin 2014

6 j'aime

3

Les Dragueurs
JanosValuska
5

Femmes, femmes.

C’est fou comme Les dragueurs, le tout premier film de Jean-Pierre Mocky, ressemble moins à un film de Mocky qu’à un Chabrol première période (Les cousins, Le beau Serge). Le film s’inscrit pile dans...

le 10 mai 2023

4 j'aime

Les Dragueurs
JimAriz
8

Critique de Les Dragueurs par JimAriz

Le premier film de Jean-Pierre Mocky est une bouffée de fraîcheur. Paris. Le quotidien de deux jeunes hommes qui draguent dans les rues de la capitale. L'un est timide, l'autre est sûr de lui. Qui...

le 10 avr. 2013

4 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime