Chaque nouvelle adaptation cinématographique en animation soulève la question des raisons qui ont poussés un réalisateurs, des producteurs, voire même des auteurs à adapter des œuvres en film. S’il y a des démarches nobles qui poussent une réflexion et un véritable travail d’adaptation et de création, comme Le Sommet des dieux, Les Bad Guys, Tunnel to Summer the exit of Goodbies, Amélie et la métaphysique des tubes…c’est rarement le cas dans les productions grand public, notamment en France. Souvent, les projets qui en découlent sont de pures exploitations d’une image médiatique et/ou d’une franchise à succès, et on peut facilement plonger dans une analyse pessimiste voyant chaque proposition grand public comme une énième excuse à des artistes et producteurs de gagner leurs vies sans trop d’efforts. Pourtant, j’aime à penser qu’il y a toujours une raison sous-jacente à ces projets et la récente adaptation de la série Miraculous en long métrage par son producteur a été une très belle démonstration. Si le résultat n’était pas au rendez-vous, il y avait toujours cette volonté de créer autre chose, imposer une vision nouvelle et neuve grâce au format film. Cette démarche m’a permis de redécouvrir un univers à travers une nouvelle porte d’accès autre que la série désastreuse qui nous est proposé aujourd’hui et, dans une certaine marge, corriger certaines choses que j’ai pu dire dans la critique de la série, dont la dernière version date de 2017 (quasiment 10 ans). Dans une certaine marge, j’attendais la bonne occasion de faire la même chose avec Les Légendaires le film, projet qui me permet de reparler d’une franchise qui s’est petit à petit transformée en sujet sensible.
I|- Tout d'abord, un peu de contexte
Découvrant la bande dessinée au CDI de mon collège (comme beaucoup de lecteurs de la Gen Z dans les années 2010), il serait peu dire que j’entretiens un lien spécial pour cette saga. Sans nécessairement se dire un véritable « fan » des légendaires, la bande dessinée originale de Patrick Sobral a été une source d’inspiration artistique et philosophique que peu d’œuvres ont réussi à approcher. Un concept ingénieux, des personnages sobres mais très attachants, un humour candide mais non pas sans charme, un scénario et une structure narrative classique mais n’empêchant pas des arcs poussés, aux moments forts générant des images marquantes…
L’évolution du groupe et de ses membres durant l’arc contre Anathos est très innovant pour un récit jeunesse dans les années 2000, le fait de faire mourir tous les légendaires dès le second volet de la bande dessinée est extrêmement osé et original (même si j'ai mes réserves sur la démarche qui anime cette décision, on aura le temps d'en reparler un peu plus tard), et l’arc sur l’identité de Jadina, dans les tomes 13 et 14, avec sa renaissance grâce à l’arbre de vie qui m’a été un véritable choque, reste de loin l’un des récits et des dénouements les plus originales et riches que j’ai pu rencontrer à ce jour.
Pourtant, les choses ont commencé à très sévèrement s’émailler dès la reconnaissance publique et (surtout) médiatique de la bande dessinée. Entre les interviews, les bus, les bandes dessinés dérivés de l’univers Les Légendaires, la prolifération des vlogs et fanarts rendant hommage aux Légendaires… il n’a pas fallu attendre longtemps avant qu’une première adaptation de la bande dessinée voit le jour avec TF1, accouchant de la série résolument insauvable qui a donné lieu à une critique particulièrement agressive et salé qui est l’un de mes écrits les plus lues et partagé. Si le ton et la forme sont à remettre dans son contexte, la critique reste pertinente car soulevant beaucoup de choses malgré les maladresses. D'une part, la communauté et le public cible de la série n'est pas composé de néophyte. La caractéristique de série anthologique ne sert qu'à exploiter l'image des Légendaires pour transposer un contenu pré-fait dans l'univers des Légendaires, et cela aurait marché si le public néophyte aurait répondu présent... chose qui n'a malheureusement pas été le cas, démontrant les difficultés de l'univers à parler au grand public autre part que dans le cadre de la bande dessiné. Cela est dû à de nombreuses choses, les mauvaises intentions et l’exécution bâclé en font parti évidemment parti, mais la principale raison étant que l'univers des légendaires se place dans un contexte qu'il faut comprendre pour mieux l'appréhender. Toute la démarche des légendaires, c'est de parler au jeune public avec les codes des grands retranscrit dans un contexte d'enfant. Le but est de littéralement prendre des histoires d'adultes que l'on va raconter à travers des enfants, toute la malédiction de la pierre de Jovénia peut être résumé ainsi. Le public enfant n'est pas seulement un enfant, il est un adulte amené à (re)grandir, car l'enfant a déjà en lui ce qu'il le ferra devenir adulte. Ainsi, la série n'hésite pas à proposer beaucoup de scènes graphiques, avec du sang, de la violence, des questionnements et réflexions profondes... mais vécu par des enfants. Ce n'est pas un hasard des œuvres comme Avatar le dernier maitre de l'air rencontrent un succès retentissants, et arrivent à créer un lien fort avec son spectateur, qu'il soit jeune ou même adulte, car ils utilisent la même approche respectueuse du spectateur. Ajoutez à cela une vision très moderne et avant-gardiste de la bande dessiné (avec des phases traduite dans une langue inventé où le lecteur est invité à aller sur un site internet dédié pour traduire, dans un procédé trans-média audacieux et en avance sur beaucoup de domaines), ainsi que l'inventivité permanente dans chaque récit, on se retrouve avec ce qui définit Les Légendaires: L'inventivité, la modernité, et le respect. En refusant à ses personnages d'évoluer, de se confronter à les scènes difficiles, à reprendre les mêmes procédés narratifs que des séries infantilisantes, et en limitant ses outils de modélisation à ce qui se fait de moins chère sur le marché, la série bafoue ouvertement l'esprit même de la bande dessiné et propose, dans son ADN, un contenu qui peut légitimement être assimilé à une anti-thèse effrayante de ce que propose la BD originel, le tout pouvant se résumer à un manque de respect, que ce soit de la bande dessiné ou même des spectateurs (d'où le titre et la conclusion de ma critique à l'époque).
Maintenant, il serait se mentir de dire que ma critique à l'époque n'a pas à être remise en question, et l'un des points qui me tient à cœur de clarifier reste de loin la question sur les possibles responsable de cet échec. Il est évident que la faute n'incombe pas entièrement à Patrick Sobral, auteur de la série qui a accordé les droits d'adaptation de sa bande dessiné à TF1, et n'a à aucun moment œuvré activement pour détruire l'image de la bande dessiné de ses mains. Pourtant, ma critique de l'époque met le doigt sur un point qu'il est essentiel d'avoir en tête aujourd'hui avant d'aborder le film: Patrick Sobral a cherché à faire disparaitre Les Légendaires. L'auteur a toujours eu une relation contrarié avec sa propre bande dessiné, qu'il voulait achever au bout du 9e tome, préférant dessiner des récits plus matures, ne voyant pas tant l'intérêt des bandes dessinés jeunesse, et ayant l'impression de tourner en rond dès le 8e tome. Dans une certaine marge, on peut y voir une trace de cette haine à travers la violence graphique que pouvaient subir les Légendaires dans les premiers tomes, de manière parfois gratuite, pour petit à petit aller vers de l'économie et une esthétisation de la violence, comme si celle-ci ne devenait plus un élément montrant la faiblesse de ses personnages, mais leur plus grande force. Enfin, dès le deuxième tome, il y a tout un jeu avec la mort qui permet au spectateur (et peu être à son auteur) de pouvoir imaginer un monde sans le récit qu'il nous est donné de voir. Cela va aller jusque dans l'extrême de l'arc World Without, faisant table ras du récit et de l'approche narrative initié par la bande dessiné, qui peut être interprété comme une tentative de l'auteur de profiter de l'aura de la bande dessiné pour lancer une nouvelle histoire et un nouveau récit... qui peinera à convaincre et qui précipitera la fin des Légendaires. Malgré tout, ce ne sont pas moins de sept séries de bandes dessinés dérivés des Légendaires qui voient le jour (certaines ayant commencé avant la fin de la bande dessinée principale) et qui auront offert l'occasion à son auteur de pouvoir proposer autre chose. La fin controversée de la série principale peut être interprété comme une tentative de son auteur de mettre fin à une œuvre qui l'aura travaillé pendant plus de quinze ans (et on devine que ça n'a pas été que pour le meilleur). Il n'est pas tant question de juger, chacun a sa manière de nouer des liens avec ses créations, parfois cela se passe mal, et peu être que le lien qu'a entretenu Patrick Sobral vis-à-vis des Légendaires était toxique. C'est humain, personnellement je comprends parfaitement cela, et cette démarche est louable. Il faut tout de même comprendre que ce sont des choix, tout comme il a été un choix que d'accepter une adaptation sériel... ou d'accompagner la réalisation d'un long métrage plus de vingt ans après le début de la série.
II|- Le Film
On peut alors voir de deux manières l'adaptation sur grand écran des Légendaires : L'opportunité à son auteur d'explorer une énième possibilité de son œuvre matriciel, ou de profiter d'avantage de son succès de manière beaucoup plus cupide (à l'image de la série TF1)... et il serait peu dire que les premières images avaient l'impression de donner raison à la deuxième option. Outre le fait que le projet semble lancé avec les mêmes prémices qui ont amené à la série de TF1, il était très inquiétant de relever des dissonance artistiques dès les premières bandes annonces. Cette dissonance peut s'expliquer par l'intervention de Guillaume Ivernel dans la réalisation du long métrage qui a dirigé le projet vers une direction que l'on comprend très vite mauvaise, par rapport à l’œuvre originale, lorsque l'on a comprit la démarche artistique de la bande dessiné et l'on connait le travail du réalisateur sur la re-transposition du fantastique dans un contexte photoréaliste. Comment voulez-vous avoir une représentation crédible, d'enjeux adultes transposé dans un monde d'enfant, si l'on cherche à représenter le monde des enfants avec un photo-réalisme proche du monde des adultes ? Comment voulez-vous que le contraste fonctionne lorsque l'on cherche à rendre adulte un univers pensé pour être pour enfant ? On se retrouve très vite avec l'impression de revoir un accident industriel à l'image de Le Fils du Mask, où là aussi on n'avait pas comprit la manière dont l’œuvre originale pouvait créer des contrastes, tout cela afin d'exploiter l'aura des Légendaires sans chercher à le comprendre. Ce sentiment a pu sévèrement s'exacerber avec la communication très agressive de Pan Distribution, ainsi que des présentations du film, en work in progress au Festival d'Annecy, qui n'ont rien laissé fuiter. Tout annonce un désastre à grand échelle, présenté lors d'avants-premières exclusives 3 mois avant la sortie officielle du film pour profiter des vacances d'automne (du moins ce qui en reste) et éponger les pertes à l'image de Night of the Zoopocalypse l'année passée, et qui ne peut qu'aboutir en des retombés extrêmement violentes. Que ce soit de la part des fans les plus endurcit ayant eu le malheur d'avoir décroché Les Légendaires dès l'arc World Without (voire même avant), les actuels fans des Légendaires, ceux qui ne connaissent pas Les Légendaires et se retrouvent avec un film d'animation potentiellement bas de plafond voulant capitaliser sur une franchise à succès difficile d'accès, les puristes qui sont incapables de voir des films sans "devoir" rattraper l’œuvre originale et qui speedrun la lecture des œuvres précédentes pour s'assurer une sécurité équivalente à un coussin de plume pour amortir une chute du toit d'un building directement sur le bitume (même si elle est courante, je suis plutôt contre cette pratique car même en cherchant le coup de cœur, on ne peut pas remplacer l'attachement émotionnel de quelqu'un qui a suivi d’œuvre originale. Si vous voulez juste voir un bon film, allez y sans vous prendre la tête à adapter votre grille d'analyse à un univers qui peut ne pas vous convenir, dans l'immense majorité des cas, on se retrouve frustré de ne pas retrouver les codes de l’œuvre originale qu'on a prit le temps d'étudier avant la séance, tout en étant légitimement dégoûté de comprendre qu'à part des cas spécifiques à certaines productions japonaises et à de très rares cas, le travail d'adaptation sur grand écran fait qu'il n'est pas nécessaire de rattraper l’œuvre originale pour comprendre l'adaptation en film)... il me semblait important d'apporter un avis neutre et analysé sur tout cela, car attendant le prochain film de Guillaume Ivernel depuis Spycies, ayant encore espoir en un renouvellement de l'univers, et n'ayant foncièrement aucune attentes. Même si tous les voyants sont au rouge et que je sais pertinemment que le résultat risque de sévèrement me décevoir, j'espère toujours trouver la surprise qui saura donner un sens au prix de ma place de cinéma. Je n'ai pas pour vocation de frapper inutilement sur de mauvais projet (surtout quand le sujet peut avoir un affect personnel), j'ai tout intérêt que ces projets n'aient pas de retentissement médiatique (même avec un bad buzz) et puissent disparaitre de nos mémoires collectives. Le mieux est de rendre la démarche du film compréhensible à tous et faire en sorte que seules les personnes concernées par la démarche du film puissent apprécier le film. La question est maintenant de savoir à qui s'adresse ce film ? La réponse: Patrick Sobral.
On sent l'ombre des mésaventures rencontrés durant la création de la bande dessinée initiale Les Légendaires, ainsi que le traumatisme qu'a été la toute première adaptation en format série. Tout le film se veut comme une réhabilitation des légendaires, que ce soit les personnages mais aussi la franchise qui tend à vouloir créer et proliférer sous de multiples plateformes. On peut le voir notamment dans une manière extrêmement sage de traiter le récit, prenant le temps d'introduire tout dans "les règles de l'art" à coup de dialogues creux ne servant qu'à faire de l'exposition pendant les dix premières minutes, ou même dans ses intentions de faire un récit totalement détaché de la bande dessinée. On peut ainsi avoir une petite pensée pour les gens qui se sont senti "obligé" de rattraper en vitesse une bande dessinée pour rien pourtant, comme dit plutôt, la chose était prévisible et il ne fallait pas longtemps pour le comprendre. Ce qui n'était pas prévisible, en revanche, c'est tout une réappropriation de l'effet Jovénia (événement à l'origine de toute la série qui a transformé le monde en enfant) pour parler du rapport contrarié que peut avoir son auteur avec la création. Tout le film repose sur le regret qu'ont les Légendaires sur cet accident qui ont détruit leur image public, et ont poussé Danaël à totalement abandonner l'aventure (le parallèle avec Patrick Sobral en devient fascinant par instant). L'esprit même des Légendaires, de mettre à l'honneur l'enfance comme une source d'espoir et d'aventure adulte à auteur d'enfants, devient très vite source de regrets et de questionnements, à l'image des questionnements qui ont travaillés son auteur durant toute la durée de création des Légendaires. Outre le fait que le design même des personnages est parfois vraiment moche, le travail de Guillaume Ivernel apporte un regard nouveau qui pousse le spectateur à regarder les personnages avec un nouveau prisme d'analyse. Le monde des Légendaires n'est plus un lieu de pure rêverie, mais un lieu plus dure où l'on parle de sujets compliqués pour son auteurs. Il y a une scène respectant plus ou moins la bande dessinée qui illustre parfaitement cela. Danaël cire les chaussures des inconnus pour avoir un peu d'argent, et qui se retrouve à écouter des enfants (qu'on devine être une métaphore des fans) critiquer les légendaires de manière très virulente. Cette scène parait très glaçante vu dans ce prisme d'analyse car montrant son auteur recevoir de plein fouet les retours de ces propres créations. Ce parallèle ce retrouve aussi dans le personnage de Darkhell, un personnage mené à devoir se scinder en deux esprits radicalement différents: L'un regrettant amèrement les événements de Jovénia et voulant tout réparer à l'aide d'une création qui pourrait réconcilier tout le monde, l'autre voulant exploiter cette création afin d'uniformiser tout le monde à travers une quête démesuré de puissance. Il est alors question d'apprendre à vivre avec le passé, de construire quelque chose de nouveau, et avancer vers un avenir propre où l'on ne pourra peu être pas tout réparer, mais où tout n'est pas perdu. L'apparition de différentes images tiré de la bande dessinée deviennent presque (on y reviendra plus tard) pertinentes car réutilisant ce qui a constitué le passé, comme une image de fin du tome 14 de la bande dessinée Les Légendaires, pour construire un nouvel avenir. Cet avenir pourra ainsi s'inspirer de sources nouvelles, comme des références générales à la saga Resident Evil, des mutations des corps lié à la possession, lors de combats rapprochés, ou encore de manière plus précises lorsque Darkhell vient à évoluer de la même manière que Salazar dans l'original de Resident Evil 4. J'ai personnellement été très surpris par ce tournant et cette approche très radicale et franche de l'adaptation des Légendaires et j'aurais presque pu y croire... si cette démarche ne se noyait pas dans une très mauvaise exécution. Une scène résume pour moi tout le problème.
Cette scène est la scène de séparation entre Razzia, Elysio, et le reste des Légendaires. On peut voir les deux idéologies qui s'affrontent, entre ceux qui veulent délivrer Jadina en frontale et espérer abandonner l'idée d'être des Légendaires unis (représenté par Danaël voulant abandonner), et ceux qui veulent croire que les choses peuvent changer et qui veulent intervenir à la source même du problème (représenté par Elysio, rejoint par Razzia). On a deux approches qui se valent mais qui appellent le réalisateur à trancher entre les deux approches... choses qui ne sera jamais vraiment le cas. Les deux groupes arriveront au même point chacun de leurs côtés, sans que ni l'un ni l'autre n'ait à être en tord. On pourrait alors comprendre que l’enjeu n'est pas tant une forme de remise en question, mais plus une exorcisation d'un traumatisme qui empêche d'avancer (chose qui est déjà beaucoup moins pertinente)... le film vient à se contredire en nous teasant la suite qui se veut comme un prolongement du récit de la bande dessinée: la route à suivre consiste à reproduire ce qu'on a déjà fait en regardant vers le passé, littéralement ce que le film dit condamner. On n'est pas sur une fin comme Chat Potté 2 La dernière quête où on parle de retourner vers le passé en retournant à Fort fort lointain (dans une logique de retour aux origines), mais dans une logique d'uniformisation et de tentative de réconciliation très maladroite qui peut paraitre malhonnête si on a le malheur de mal l'interpréter.
Alors qu'on est amené à penser qu'il ne faut plus regarder vers l'arrière pour évoluer et ne plus reproduire ses erreurs passées, le film s'enfonce dans un passéisme qui contredit toute sa démarche.
On sent un film qui tente par tous les moyens de retranscrire parfaitement l'ambiance originel de la bande dessinée, par peur de l'interprétation mais aussi dans un souci d'honnêteté et de faire patte blanche à un spectateur déçu d'avoir vu sa bande dessinée maltraitée dans le passé. Le souci étant qu'à force de vouloir reproduire l'esprit de la bande dessinée à tout prix, on finit par ne pas comprendre les raisons qui ont mené à la création de la bande dessinée tel qu'on la connait aujourd'hui, et ainsi reproduire la bande dessinée dans un contexte qui n'est plus le bon. La bande dessinée date de 2004, plus de 20 ans de créations audiovisuel et narratif ont marqué le paysage médiatique, et le film semble totalement ignorer cela. Si des choses marchent, comme certains comportements des gardes qui ont peur de se confronter à Jadina, la majorité des vannes et références font ringardes et déconnecté de la réalité, notamment lorsque l'on parle de ghoster quelqu'un plusieurs années, que l'on sort une Nintendo Switch en gros plan pour le faire jouer à un garde pour dire qu'il est étourdi, ou lorsque l'on vient à citer Chuck Norris pour faire une catch phrase premier degrés. Reprendre l'humour originel c'est bien, le rendre accessible et adapté pour l'époque actuel c'est mieux. Tout cela aurait été excusable si le projet n'était pas centré sur le fait de ne pas se reposer sur le passé, et d'aller de l'avant. Le fait de proposer un scénario indépendant de la bande dessinée devient ainsi un atout, car permettant de proposer une base saine qui empêche toute comparaison avec l’œuvre originale, mais aussi une faiblesse. Tout est un prétexte à son créateur pour exorciser son malêtre vis-à-vis de sa bande dessinée, une occasion de se faire pardonner... mais sans jamais raconter autre chose. Tout cela s'incarne en Darkhell, un méchant très caricaturale qui vient littéralement sur un coup de tête à base de "et si j'allais boire une potion et redevenir méchant ?". Le film doit alors trouver des moyens d'occuper son spectateur, à base de vannes pas toujours bonnes, parfois très limite lorsque l'on vient à s'attarder sur le personnage de Razzia, et que ce dernier vient à évoquer la grossophobie sur un trait d'humour alors que celui-ci accumule les clichés grossophobes devant être humoristique en contraste avec son apparence adulte. On tente vainement de ramener de la tension dramatique avec une reprise de très mauvais goût d'une scène de meurtre entre deux personnages, mais tout se perd tant l'absence de propos directeur se fait ressentir. On n'a plus qu'à conclure l'ensemble à base d'un MacGuffin et d'une morale à la limite du hors sujet prononcé à voix haute, et laisser le public perplexe face à un épilogue cryptique qui, comme expliqué en zone spoiler, vient pratiquement à l'encontre du message qu'on a tenté de véhiculer.
Je dois admettre que Les Légendaires le film a été une plutôt belle surprise, dans le sens où la catastrophe aurait pu être plus grave si les artistes derrière le projet n'avaient pas retenue les leçons du passé. Pourtant, force est de constaté que le résultat n'est pas encore bon, la faute à un propos confus et une exécution très maladroite. A l'image de Miraculous le film, j'ai pu découvrir d'un œil neuf un univers qui avait besoin de repartir sur des bases saines. Maintenant, la question est de savoir si l'univers Les Légendaires devait repartir ou, à minima, s'il n'y avait pas plus intéressant à raconter. Je tiens tout de même à remercier Patrick Sobral et Guillaume Ivernel pour leurs courages, ils avaient trouvé une solution pour réparer les erreurs du passés, dommage qu'ils ne l'ont pas mieux exploité pour écrire un avenir meilleur.
8,5/20
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