Buster Keaton est peut-être plus connu aujourd'hui pour ses cascades hyper-risquées qu'il effectua sans doublure et inspira Jackie Chan qui en repris plusieurs dans ses films. Le fait qu'un artiste hong-kongais s'inspire fortement d'un comique américain cinquante ans après ses exploits en dit beaucoup sur l'influence qu'un génie, petit (1 mètre 65), ne souriant jamais, porte-poisse dans ses films, peut avoir. Comme à peu près tout le monde, je connaissais sa réputation de cascadeur, son surnom mais je n'avais jamais découvert ses films.
Lors de mon cycle muet, j'ai décidé de débuter donc par "Les lois de l'hospitalité".
Durant à peine 73 minutes, le film se coupe clairement en deux : d’abord un trajet en train où chaque scène est l’occasion d’un gag : en rapport soit avec le personnage de Keaton, soit avec le train lui même (qui est assez particulier déjà) et puis la partie dans la petite ville où le pauvre Willy va être victime de multiples tentatives de meurtres.
Keaton fait feu de tout de bois avec chaque chose qui peut l’amuser : il pédale à vélo (qui n’a pas de pédale) avec ses jambes ; une fois dans le train, il n’arrive pas à mettre son grand chapeau (le toit du « wagon » est trop petit) et lorsqu’il y arrive, le chapeau lui tombe sur le visage, le train va subir quelques dégâts dans un trajet très fragile, quand au chien de Willy, il fait lui aussi le trajet en suivant le train ! Willy est à bord de ce train avec Virginie
: une charmante jeune fille dont il ne sait pas encore qu’elle est la fille de la famille qui est censée le tuer !
Déjà on s’est éclaté avec le trajet en train (qui fait une demi-heure de long-métrage) mais c’est la partie de la ville que Keaton va se déchaîner :
assez malchanceux, il subira alors qu’il veut pêcher l’explosion d’un barrage à eau. Il est invité par la fille des Caufield à dîner : son père et ses frères qui cherchent le tuer ne peuvent pas pendant qu’il est leur invité… et notre cher Willy le comprend et il va s’incruster ! (J’ai vraiment éclaté de rire lorsqu’il traverse le salon – suivant le prêtre – montant l’escalier, devant les airs ahuris du père et des frères Caufield !).
C’est du gag récurrent et ça semble crescendo dans le délire : Willy rivalise d’idées pour ne pas être tuer,
peu avant il avait même rechargé un pistolet d’un de ses assaillants !
Mais Keaton n’était pas seulement le comique qui ne rit jamais mais qui fait beaucoup rire, c’était aussi un cascadeur comme il le prouvera dans le final impressionnant mais quelque peu interminable.
Avec ses gags récurrents, ses répliques ciselés, ses situations délirantes : ce comique millimétré, le visage de Keaton et bien sur les cascades : c'est une invitation dans son cinéma que l'homme qui ne sourit jamais nous offre, perso, j'ai accepté et j'en ai pas été déçu.