Les faits réels on toujours bon dos pour inspirer des fictions mortifères, dérangeantes et glaçantes. Ali Abbasi introduit son film par le sermon 149 de l’imam Ali : "Tout homme finit par rencontrer ce qu’il cherche à fuir", une façon de dire que tout sera à la fois politique et religieux dans ce film ? Toujours est-il qu’il donne la part belle au personnage du serial killer Saeed, un homme donc, qui occupe presque tout l’espace du film, ses crimes, sa vie d’ancien combattant, sa vie maritale, sa vie de maçon, etc… ad nauseam, le reste du temps étant dévolu à la journaliste femme, (qui connaîtra toutes les tracasseries inhérentes à son statut) et qui mènera, avec une volonté de fer la raison de sa venue à savoir démasquer le serial killer, dans l’impeccable timing du film. Alors "Border" était donc bien une exception dans la courte carrière de ce cinéaste irano-danois (qui s’est depuis mis à la série). Peu de véritables moments de cinéma que tente de masquer un début constitué de plans serrés, violents, les lumières floues de Mashad… "Holy spide" appelle de loin une autre araignée… La musique lourde de Martin Dirkov intervient à chaque meurtre. Puis on glisse dans un académisme pesant, les gens qui se plaignent, les gens qui ont peur, la misère comme une habitude, l’enquête, le film de procès… Et quand la journaliste reprend son bus, à la fin, c’est pour en remettre une couche avec ce qu’elle a filmé, ce que nous spectateurs, ne savions pas, et là, c’est la nausée.

abel79
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le 8 déc. 2022

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