Les deux longs-métrages précédents de Mani Haghighi, Valley of the Stars et Pig, en particulier le dernier, donnaient le sentiment d’être en présence d’un réalisateur iranien « hors des clous », capable de s’aventurer dans le cinéma de genre et sur les. rives du fantastique. De facto, malgré son audacieux postulat de départ, Les ombres persanes nous semble bien plus familier, et sage ?, pour qui a l’habitude de fréquenter la production iranienne de ces dernières années. Un mot quand même sur l’idée initiatrice du scénario, qui est assez difficile à avaler d’emblée et dont l’invraisemblance stagne de bout en bout sur le récit. Nonobstant, l’écriture du film, avec l’inéluctabilité du sort réservé à ses 4 personnages principaux, reste la qualité première d’un film qui aurait pu avoir pour sous titre : « Arrêtez de faire les clones. » Sa progression dramatique, sous forme d’engrenage fatal, rappelle évidemment les longs-métrages réalisés par Asghar Farhadi, souvent imité, presque jamais égalé. La peinture sociale, sous-jacente dans Les ombres persanes, apporte un plus à cette histoire de double copie conforme, de même que son environnement climatique, avec une pluie incessante qui noie les embouteillages proverbiaux de Téhéran, comme si quelque chose s’était détraqué dans l’atmosphère, pouvant expliquer que des événements étranges étaient également susceptibles d’arriver dans le quotidien des habitants de la ville. Le film s’arrête là dans sa veine fantastique, ce que l’on peut d’ailleurs regretter, mais le choix d’une voie réaliste lui permet cependant de rester à hauteur humaine et de nous embarquer dans une histoire éminemment romanesque, valorisée par une interprétation de premier ordre, jusqu’au rôle le plus minuscule.

Cinephile-doux
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le 23 juil. 2023

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