J'ai dû voir ce film étant adolescent, j'avais pas accroché comme à beaucoup d'autres films d'Eastwood à l'époque (je n'y connaissais pas grand chose au cinéma, pour moi, Eastwood, c'était le type qui faisait des polars un peu politiques avec ses potes Morgan Freeman et Gene Hackman, des polars du dimanche soir quoi). Et puis un jour j'ai découvert Blondin mais aussi toute une série d'autres personnages campés magistralement par Eastwood. J'ai aussi découvert que le bougre réalisait fortement bien. Et plus tard je me suis mis en tête de choper ses films. Je les ai pas tous chopés, mais une bonne partie. Pas grave je finirai par (a)voir le reste.


Ça commence vraiment bien. Ce casse qui tourne mal est super bien écrit, très simplement. Clint aurait pu/dû s'en arrêter là, délivrer un simple court-métrage, en réarrangeant la fin de cette première demi-heure, afin de ne pas laisser le spectateur sur sa faim, mais bon dieu que c'était bon. Après ça, ça reste bon mais pas autant. Disons qu'il y a un problème de structure dû à un trop grand nombre de personnages. À un moment, on a l'impression que plus personne ne fait rien du fait qu'on passe en revue les actions de chacun : forcément, en exploitant un minimum chaque situation, ça signifie que les personnages n'ont pas beaucoup d'action à gérer. Heureusement, les situations sont chouettes. Et les personnages aussi. j'ai beaucoup aimé les deux gardes du corps, même s'ils sont sous exploités : à mon avis, il s'agit là des restes d'influence de Don Siegel. La fin est vraiment expéditive, c'est du gâchis en fait. Ce n'est pas déplaisant à regarder, mais il reste un petit quelque chose de coincé en travers de la gorge. En même temps, Eastwood a visé trop haut : s'attaquer au président de la sorte, ce n'était pas crédible... il aurait dû en faire un président de compagnie plutôt que LE président... Mais j'imagine que ce choix a été fait pour mieux critiquer l'Amérique.


La mise en scène est agréable : Eastwood sait où placer sa caméra, propose une lumière contrastée (ces visages à moitié dans l'ombre). C'est très agréable à regarder. L'action est bien montrée, le découpage est efficace. Le trvaail de montage est également redoutable, même pour cette scène pleine de fausse tension où le héros doit désamorcer l'alarme au début. Mais à nouveau, je reviens sur cette première demi-heure : une belle leçon de cinéma, Clint semble avoir mis toutes ses tripes dans cette mise en place, c'est remarquable, chaque plan est réfléchi. Les acteurs font du bon boulot : ce devait être des petites journées pour tout le monde, c'est bizarre d'ailleurs d'avoir un si gros casting pour si peu de temps à l'écran. Ça fait penser au genre choral, mais dans le registre du polar. En tous cas tout le monde joue bien, les acteurs ne se contentent pas de donner les répliques, Eastwood leur laisse la place de camper un personnages avec des tics, des manies, une vie... Niveau musique j'ai beaucoup apprécié le morceau jazzy de la poursuite du début, c'est super bon, surtout qu'avant ça, c'était très calme. Je suis un peu moins fan de la musique d'ambiance plus électro qui vient après sans pour autant trouver cela déplaisant ; ce qui amuse, c'est de constater que Eastwood a obtenu là un score proche de ce qui se fait aujourd'hui, avec des effets de basse et de percussions électroniques.


Bref, "Absolute Power" est un bon p'tit polar.

Fatpooper
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le 28 mars 2017

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