Le film est un huit-clos composé quasi exclusivement de plans fixes, avec très peu de musique. Au début, on savoure la photographie exceptionnelle. Mais le minimalisme, qui devrait être contemplatif et chargé d'une forte ambiance, laisse vite sa place à l'ennui.
C'est étonnant de lire que Sofia Coppola a réalisé se film dans l'intention de donner voix aux femmes du film précédent éponyme de Don Siegel (1971)... Or c'est tout l'inverse qui se passe à l'écran. On assiste à une triste démonstration de stéréotypes sexistes.
Pour commencer, le Mâle Alpha pénètre dans la maison d'une poignées de jeunes vierges et leur maîtresse d'école.
Les filles, de tout âge, ont quasi toutes le même comportement (à part une qui est contre sa présence dans la maison). On dirait qu'il n'y a que deux personnages : L'homme, et la femme (alors qu'en réalité il y a quand même 7 personnages féminins).
Elles n'ont pas de volonté, de désirs personnels, de secrets. En plus, elles ne parlent QUE du Mâle Dominant qui se trouve chez elles : Ce film ne passe même pas le test de Bechdel !!
L'homme est le personnage principal, les autres sont des fillettes/femmes sans identité propre, interchangeables même, sous le charme de l'homme. Elles lui tournent autour, attendant chacune de faire l'amour avec lui... Sérieusement, on dirait le scénario d'un mauvais porno... !
La tension sexuelle qui aurait dû être là ne se passe pas. La première moitié de film est interminable, puis soudain, l'homme méchant (car c'est un homme, hein) se révèle être violent et vouloir toutes se les taper. Là où il devrait y avoir une tension sexuelle, des étapes, des jeux de regard, des doutes, il n'y a que des scènes inutiles qui ralentissent l'intrigue et refroidissent et l'ambiance, et le spectateur. Ça manque de longs plans en close-up sur les émotions des acteurs: le montage est trop rapide, le cadrage trop éloigné. Les acteurs montrent trop peu leurs sentiments et tous les plans fixes rendent le film très froid et impersonnel. Ca se veut contemplatif, mais on est trop loin pour voir là où l'action intéressante se passe.
Puis l'homme méchant se met à gueuler, prend un flingue et les menace (tout ça en buvant le vin au goulot bien sûr), tandis que les 7 autres filles sont plantés là à avoir peur, alors qu'on voit bien que si elles le voulaient, elles pourraient très facilement se retourner contre lui. Colin Farrell fait une performance moyenne, on dirait qu'il fait semblant d'être énervé, en plus il n'est jamais sur ses gardes, d'où le ridicule de la situation.
Et finalement, Sofia Coppola prouve sa paresse et son manque de prise de risque : Pour en finir avec cette situation, et pour ne pas faire mal à ce Mâle Dominant, les femmes lui cuisinent un bon repas empoisonné qui le mènera à sa mort. (???)
J'aurai voulu qu'après toute cette attente, l'une des filles commettent un meurtre sanglant et/ou puissant pour une fin un peu plus surprenante, plus crue, plus violente. Une vraie fin poignante quoi. Le poison et l'attente de son effet, c'est lourd...
A la fin, «c'est l'homme qui finit par être la proie », mais c'est si peu convainquant. On attend une réelle violence chez ces filles (oui oui Sofia, même les filles en sont capables !). Il n'y a aucun build-up, aucune tension, on n'a pas peur.
Globalement, le film ressemble à un brouillon, tout est trop peu réfléchi, et c'est comme si les personnages féminins n'étaient pas encore écrits.
Pourtant, le casting est là, la photographie est superbe, mais la construction est bancale et creuse. Après avoir attendu tout le film, on sort de la salle, et on attend toujours que quelque chose se passe.
Et en dernière scène, un plan sur les filles qui se regardent, et leur aura de dangerosité derrière leur candeur, ça aurait peut-être été plus intéressant qu'un plan mou et paresseux sur un putain de chiffon.