Critique faisant partie de mon marathon Stanley Kubrick : http://www.senscritique.com/liste/Le_marathon_Kubrick/1227577


Adaptant (encore une fois!) un roman, Kubrick va nous proposer avec son 4ème long-métrage une vision totalement absurde et anti-militariste de la guerre. S'inspirant de faits réels, l'intrigue tourne autour de soldats français qui refusent de continuer une offensive impossible à réaliser durant la première guerre mondiale. S'en suit alors un procès militaire où 3 soldats tirés au sort seront jugés pour punir l'échec de l'attaque militaire française.


Anti-guerre par définition, Paths of Glory représente une oeuvre touchante dans la filmographie de Kubrick. Le sentiment d'injustice nous court après à travers tous le film jusqu'à la scène d'exécution des trois soldats français innocents. Sans aucune pitié SK, comme à son habitude, maltraite le téléspectateur en le bouleversant.


L'utilisation de la voix-off au début pour contextualiser la première guerre mondiale est présenté de très bonne manière posant déjà l'absurdité de cette guerre où l'on se bat pour quelques centaines de mètres avec d'innombrables pertes.
Un contraste se joue alors dans ce film en noir et blanc (choisie volontairement par Kubrick à l'époque où le film en couleur était possible) entre la noirceur des tranchées et de la dure vie des poilus et la blancheur et la propreté des batîments militaires et l'insouciance du général qui s'illustre lorsque le colonel Dax vient l'informer durant un bal où la vie mène bon train. Bien loin de la souffrance de ces pauvres soldats considérés comme lâches par les méprisables généraux.

Le colonel dax, personnage le plus humain et attachant du film, symbolise l'espoir dans ce monde d'injustice et de souffrance qu'est l'armée. Il représente l'espoir dans ce monde dénué de valeur et de morale. Allant même jusqu'à la fin du film à recevoir la promotion de général qu'il trouve injuste et qu'il va donc refuser par principe.


Les sentiers de la gloire, ce titre, bien loin d'être anodin, oppose les personnages du film. Chacun prend le sentier qui lui correspond pour aller à la gloire. Le colonel dax prend celui de la justice et reste fidèle à lui-même pour arriver à sa gloire, celle d'un homme intègre respectable et respecté. A contrario le général Mireau, prend d'autres sentiers qui sont beaucoup moins glorieux en n'hésitant pas à ordonner à ses canons de tirer sur ses propres soldats, ordre qui sera refusé par le commandant Rousseau (le nom du philosophe des lumières n'est-il pas anodin?) pour arriver à sa gloire, celle de la gloire professionnel au profit de la vie d'autres personnes.
La dernière scène où l'actrice chante en allemand finit d'achever le spectateur. Ne succombant pas à une scène de tristesse habituelle et ridicule comme dans le cinéma, Kubrick bouleverse le spectateur avec le zoom sur la tête de nos troufions français, tout ça sous le regard du colonel Dax que l'on informe juste après du recommencement des opérations militaires et du cercle vicieux des tranchées s'apprêtant à se rejouer.


Interdit à sa sortie en France, "les événements d'Algérie" étant. Le film ne sera diffusé en France que bien plus tard (18 ans). Loin d'être une critique de l'armée française, le film est une critique universelle de la guerre ne proposant aucune thèse pacifiste, il démontre juste l'absurdité du système militaire. Deuxième véritable succès cinématographique de Kubrick au sortir de la seconde guerre mondiale qui prend tout son sens.


Agé seulement de 29 ans lors de la réalisation, Kubrick dessine la nature humaine à travers ce qu'elle peut avoir de plus beau avec le personnage du colonel dax comme de plus disgracieux et d'absurde à travers l'autorité militaire. Le réalisateur exalte le sentiment de paix et de justice contre l'absurdité militaire et assassine de l'homme.
Une oeuvre humaniste, touchante et sensible.



Patriotism is the last refuge of the scoundrel (vaurien en français)

Paths of glory, Colonel Dax.


GustavoFring
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Le marathon Kubrick

Créée

le 1 mars 2016

Critique lue 248 fois

GustavoFring

Écrit par

Critique lue 248 fois

D'autres avis sur Les Sentiers de la gloire

Les Sentiers de la gloire
Alexis_Bourdesien
9

Lutte des classes et lutte des places

Dimanche au travail, dimanche sans visiteurs, dit donc dimanche de la critique. C’est Les Sentiers de la gloire qui passe cet après-midi au Scanner de Confucius, de manière désorganisée et rapide...

le 24 juin 2013

123 j'aime

17

Les Sentiers de la gloire
Eren
10

La Fureur de l'Étranger

Je la tiens pour de bon. L'oeuvre de Stanley Kubrick la plus touchante et humaine. Pour moi j'entends... L'oeuvre qui, quand on me citera le nom de son réalisateur, me reviendra à l'esprit avant...

Par

le 8 févr. 2014

121 j'aime

7

Les Sentiers de la gloire
pphf
8

Boulevard de la honte

Contrairement à ce qu’on peut lire un peu partout, Les Sentiers de la gloire n’ont pas été censurés en France. C’est pire. Producteurs et censeurs ont choisi d’anticiper la censure et de ne pas...

Par

le 11 mai 2014

61 j'aime

1

Du même critique

Noces
GustavoFring
9

Le mariage avec la vie

Dans la lignée de l'Envers et l'Endroit, Albert Camus signe ici son deuxième essai publié en 1938. Entre l'essai et la nouvelle parfois, l'auteur algérien narre ses différentes visites dans...

le 8 mars 2016

13 j'aime

5

Risibles amours
GustavoFring
9

Naissance d'un génie

7 nouvelles, toutes différentes mais toutes similaires à la fois, voilà ce paradoxe qui rend si attrayant et excitant le livre Risibles Amours quand on le lit. Durant tout le livre, Kundera excelle...

le 12 sept. 2015

11 j'aime

L'Envers et l'Endroit
GustavoFring
9

La source de toute une oeuvre

Rédigé en 1935 et 1936 L'envers et l'endroit est la première véritable oeuvre d'Albert Camus, âgé seulement de 24 ans. Dans sa préface, publié elle en 1958, deux ans avant sa mort, l'algérien de...

le 12 janv. 2016

8 j'aime