Chers abonnés, lecteurs occasionnels, je reviens à l'écriture sur ce site pour défendre une œuvre méconnue qui m'est très chère.
Une fois n'est pas coutume.
Ce chef d'œuvre réunit rien moins qu'un duo de stars françaises, un immense dramaturge américain et un des philosophes contemporains des plus brillants.
Comment se fait il, qu'avec Simone Signoret, Yves Montand, Arthur Miller et Jean Paul Sartre au générique (puisqu'il s'agit bien d'eux) ce film soit si peu vu ?
Plusieurs facteurs ont joué.
Après plusieurs mois de tournée avec la pièce, il est décidé d'en faire un film avec l'équipe d'origine à l'exception de Mylène Demongeot qui remplace Nicole Courcel dans le rôle de la jeune Abigai, objet de désir et séductrice compétente.
Le tournage se passe entre l'Allemagne et la France.
L'histoire est inspirée d'un procès resté dans l'imaginaire collectif s'étant déroulé dans une communauté puritaine du Massachusetts à la fin du XVII siècle.
Miller voulait travailler sur l'intolérance, il choisit le puritanisme pour s'insurger contre le maccarthysme qui gangrène les États Unis de son epoque et soutient ainsi à sa façon son ami Elia Kazan vendu à la CAAA (commission des activités anti américaines).
Dans un pays peu enclin à l'autocritique, la pièce est un four.
L'actualité du travail de Miller se révèle au grand jour le soir de l'exécution de époux Rosenberg qui donne un caractère particulier à la représentation lors de l'exécution de Proctor.
La pièce arrive en France entre les mains de Dame Simone (connue outre atlantique pour son engagement politique) par l'intermédiaire d'Elvire Popesco.
Le couple vedette joue pour la première fois sur les planches et c'est un franc succès malgré le
boycott de la presse. On lit quand même dans des feuilles confidentielles des phrases telles que



le cinéma a condamné Simone Signoret à la vulgarité en lui faisant jouer les filles perdues ; sans le théâtre, sans Raymond Rouleau, comment aurions nous su qu'elle pouvait être toute retenue, toute gravité, toute pudeur ?"



Le tournage du film ne commence que l'année suivante, le temps pour Simone de travailler au Mexique avec Buñuel.
Pendant ce temps là Budapest s'enflamme. Le monde se divise.
Ceci explique l'échec du film à sa sortie. Mais par la suite ?
Pourquoi ne restait il qu'une copie affreuse jusqu'à ce printemps 2017 ?
Officiellement, Miller refuse toute sortie, restauration pour ne pas porter préjudice à la version récente avec Ryder et D.D. Lewis sur la quelle il a lui même travaillé mais en réalité, Mylène Demongeot explique qu'il s'agit d'une vengeance personnelle destinée à nuire à Yves Montand.
Revu dans sa merveilleuse version restaurée, l'œuvre est une merveille. L'interprétation montre l'implication des comédiens, les mots de Sartre ont une puissance étonnante.
Le désir face à l'amour. Le corps opposé à l'âme. Maître Procter aime sa femme mais il la sanctifie. Elle n'est pas femme elle est divine. "Vous n'avez jamais tort "
Le jour où il la "regarde comme elle ", qu'il lui montre son désir, elle lui montre son amour et se sauve.
Maintenant que le film est disponible partout, ne vous privez pas de l'acheter ou faites le vous offrir comme moi.

Rawi
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le 17 août 2017

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