Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Film noir mélancolique tourné au début des années 90, "Light Sleeper" porte encore les stigmates de la décennie précédente, à l'image de sa bande originale mélodieuse, œuvre du méconnu Michael Been (leader du groupe "The Call"), sorte de slow rock introspectif aux accents Springsteeniens.


Je me suis rapidement senti à l'aise dans cet univers, qui décrit le quotidien d'un dealer new-yorkais (Willem Dafoe), partagé entre sa routine un peu risquée mais agréable en compagnie de sa bien-aimée patronne (Susan Sarandon, formidable comme souvent), et son envie de changer de vie à l'orée de la quarantaine, qui le tenaille pendant ses nuits d'insomnie, durant lesquelles il s'adonne à l'écriture.

Certains passages sont très parlant pour qui a connu ce genre de milieux, tel le moment où notre héros doit se fader les élucubrations cocaïnées d'un client fidèle, persuadé de réinventer la philosophie alors qu'il énonce quelques banalités...


La mise en scène de Paul Schrader se fait volontiers contemplative, de sorte que le rythme apparaît un peu lent, en particulier durant la première heure, ce qui pourra rebuter les plus impatients.

D'autre part, on observe un décalage entre certains choix esthétiques et l'aspect documentaire du propos : ainsi, la photo stylisée, voire glamour de Edward Lachman, de même que certains décors très typés "studio", apparaissent peu raccord avec le réalisme cru des rues new-yorkaises. Sans doute un parti-pris formel assumé de Schrader...


Car le film surprend également par la tonalité de son dénouement, nettement moins sombre qu'on aurait pu l'imaginer.

In fine, "Light Sleeper" constitue une belle réussite, portrait d'un homme tourmenté en quête de rédemption : un type de héros récurrent dans le cinéma de Paul Schrader, depuis Travis Bickle et "Taxi Driver" jusqu'aux récents "First Reformed" ou "Card Counter".

Créée

le 1 oct. 2022

Critique lue 270 fois

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 270 fois

7

D'autres avis sur Light Sleeper

Light Sleeper

Light Sleeper

le 21 sept. 2022

Jusqu'ici tout va mal

Sous ses airs de néo-noir dépressif Light Sleeper déroule une réflexion touchante sur l'insaisissable inconnue qui fout systématiquement la pagaille dans l'infernale équation de nos vies. Peu importe...

Light Sleeper

Light Sleeper

le 1 oct. 2022

Sommeil léger

Film noir mélancolique tourné au début des années 90, "Light Sleeper" porte encore les stigmates de la décennie précédente, à l'image de sa bande originale mélodieuse, œuvre du méconnu Michael Been...

Light Sleeper

Light Sleeper

le 18 avr. 2023

Les poubelles de New-York

William Dafoe joue un livreur de drogues qui travaille pour le compte de Susan Sarandon. Bien que cette vie soit assez peinarde, il a quand même envie de faire autre chose, notamment d'écrire. C'est...

Du même critique

Baby Driver

Baby Driver

le 20 juil. 2017

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

Bullet Train

Bullet Train

le 4 août 2022

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

Faites entrer l'accusé

Faites entrer l'accusé

le 2 avr. 2015

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...