L'improbable rencontre entre une survivante des camps de concentration et le fils de Höss. L'ombre du commandant a plusieurs aspects intéressants :
- il offre une voie pour la réconciliation des descendants, ce qui en fait donc un film progressiste, dans le vrai sens du terme, invitant à dépasser le passé
- il est le contrepoint idéal pour La zone d'intérêt, soulignant la réussite de la reconstitution du film de Glazer.
- il pose des questions sur l'impact de la shoah sur les descendants, et ce des deux côtés de la barrière.
- Il pose également la question de la mémoire : la survivante dit avoir assisté à des événements qu'elle ne peut avoir vus, tandis que le fils de Höss a refusé de lire l'autobiographie de son père et, préférant garder une vision idyllique de son enfance, a refoulé beaucoup. Il va tout de même accepter de se confronter au passé, tandis que sa sœur reste dans un déni qu'elle ne parvient pas à expliquer correctement. Ces événements sur lesquels on a tant écrit/filmé sont vus ici par un prisme personnel et montrent deux mondes qui ne se mélangent pas.
Optimiste, le film est malgré tout hanté par un antisémitisme toujours répandu. On y voit également beaucoup d'images d'archives, notamment les confessions de Höss, et d'ailleurs son livre dont des passages sont lus en voix off, n'est pas plus fiable que le reste : il l'a écrit dans un but bien précis, celui de redorer une image forcément au plus bas en montrant qu'il a accompli sans faille son devoir.
L'ombre du commandant n'est donc pas un film d'Histoire, mais plutôt un film d'histoires. Et c'est en cela qu'il passionne.