Il ne faut pas jeter le Comanche après la cognée

Suite à ma déconfiture de la veille je ne baisse pas les bras, je me dis quand même que c’est sympa la petite séance après le boulot, j’ai encore des places gratuites à écluser dans des cinoches qui ne passent pas grand-chose, tout le monde m’a abandonné sur celui-là, mais qu’importe, je tente le dernier Verbinski.

J’ai presque de la tendresse pour Verbinski, déjà il sait filmer normalement et utiliser les décors naturels, ce qui semble être une exception par les temps qui courent, et ensuite il sait surtout rester à sa place, dans du pur divertissement sans prétention, qui reprennent les bonnes ficelles qui ont fait leur preuves, retrouvant par là-même l’esprit qui fait les jolis films d’aventures de notre enfance.

Je préviens d’emblée, la réussite dans le western est beaucoup moins flagrante que dans le film de pirate, surtout en comparaison d’un premier épisode de Pirates des Caraïbes qui, sans le boulet Bloom, méritait beaucoup plus que ma note un peu mesquine.

Ici on reprend les mêmes ficelles, un mélange de train électrique qui traverserait un grand huit à la foire du trône avec le tir aux pipes et le Guignol qui va avec, presqu’un délice à conseiller pour les gosses…

Enfin, je dis presque parce qu’il y a le petit lot de scènes hideuses gratuites à base de cœur dévoré, de scorpions et de lapins et enfin de deux ou trois minutes idiotes de délire pénible.

Pour le reste, c’est bourré de défauts qui sont bien moins gênants, fallait pas revoir en boucle Little Big Man et Le Mécano de la General, ils ne boxent pas dans la même catégorie, il y a moins de spectaculaire dans tout le film que dans cinq secondes de Keaton sur un train… Le gamin du début ne sert à rien, Helena Bonham Carter non plus, j’imagine que c’est comme les oiseaux en cage, c’est dans le contrat pour avoir Johnny Depp…

Johnny Depp, d’ailleurs, commence à être trop vieux pour courir tout un film torse nu, il cabotine encore un poil plus que d’habitude et c’est vraiment limite, mais bon, miraculeusement, le duo principal fonctionne tout de même très bien, la belle surprise du film.

Armie Hammer que j’avais découvert en jumeaux immondes de Social Network et abandonné en vieux sur-maquillé de J. Edgar est étrangement bon dans ce rôle, il est délicieux en benêt dans le début de l’histoire et révèle un potentiel comique bien réel et tout à fait rafraîchissant.

Bon, par contre en face, les méchants sont abominables, je ne pensais pas retrouver aussi vite l’ignoble William Fichtner qui a abandonné le costume trois pièces pour la tenue du barbare crade et qui n’aurait pas dû tellement il est encore pire qu’à l’ordinaire… Rajoutez à cela Barry Pepper en sous-Custer et une tripotée de sous-fifres dégénérés et vous comprendrez que tout n’est pas simple dans ce film…

Comme toujours ils ont rajoutés une poule inutile et son gosse, même pas jolie en plus, alors que tout le monde a l’air de lui tourner autour de façon démesurée…

Mais sinon, c’est quand même un peu un western, il y a la création de la voie ferrée, les territoires Comanche à spolier, les attaques de train, les villes de bouseux, c’est sympatoche comme tout… En plus, des vrais cadrages pour accompagner ça, avec une bonne vieille musique des familles, comme un petit air de cinoche, un petit plaisir simple qu’on perd pourtant l’habitude de goûter tant le minimum semble désormais inatteignable par les productions contemporaines d’envergure.

Il y a plein de trucs idiots sinon, comme le Lone Ranger qui ne libère pas son pote, même pour faire un gag, ça n’a pas de sens, ou la lourdeur dans le massacre des Indiens qui n’est pas vraiment dans le ton, mais bon, même le final gargantuesque m’a fait plaisir, il y a beaucoup trop d’argent et pas assez de cervelle, ça déborde parfois de gros numérique qui tâche, mais qu’importe, il y a dans ce pur spectacle de divertissement quelque chose de profondément chouette et d’honnête qui mérite que je le valorise au-delà de ses mérites intrinsèques.

Et puis, il y a une draisine à bras, rien que pour l’avoir attendue la moitié du film, ça justifie son petit point en plus…

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le 23 août 2013

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Torpenn

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