Il est temps de faire une critique de mon film préféré, que j'ai revu pour au moins la troisième fois.
Le personnage principal et narrateur Murphy, un jeune américain vivant à Paris pour faire du cinéma, se remémore la vie avec son ex, Elektra, pendant qu'il est dans sa nouvelle vie avec sa femme et son jeune fils.
Le film, comme son nom l'indique, a pour thème l'amour, dans son acte en lui-même. Plaisir intime qui se mélange parfois à l'euphorie des drogues.
En tant que film érotique, toutes les scènes sont très intimistes, se passant soit dans un lit, au sein du foyer, et même les scènes dans les lieux communs tels que le restaurant sont centrées autour des personnages, le reste hors-champ, comme s'ils étaient seuls et partageaient leur intimité.
Les scènes se passant en ville sont très belles aussi, on voit soit Murphy seul tentant de passer un appel au bord d'une route, soit un dialogue entre Murphy et Elektra qui font le chemin ensemble. La scène où le couple s'engueule dans le taxi est magnifique aussi. On voit leur solitude au sein même de Paris, construisant ou détruisant leur relation à l'abri ou à l'indifférence des regards.
Le narrateur Murphy a un petit côté du boucher de Seul Contre Tous, le premier long-métrage de Gaspar Noé, d'une part par son côté réactionnaire et patriote (là en tant qu'américain), et de son mépris pour les femmes qui s'accentue après la séparation avec Elektra. Car on voit la femme avec qui il vit s'occuper du foyer et de l'enfant alors que Murphy s'occupe de son passé, passe des coups de fil ou se drogue, tout en affirmant "Vivre avec une femme est comme partager son lit avec la CIA. Rien n'est secret."
On voit qu'il a eu comme une seconde vie avec Elektra, qui à mon sens représente le progrès et va tenter d'éloigner Murphy de ses préjugés. Elle est d'origine mixte, dit elle même que c'est une enfant du monde, et va l'entraîner dans le sexe libre, les plans à trois et avant leur séparation, inviter un "travesti" dans l'intimité de leur chambre. Là où Murphy va avoir peur de l'homosexualité et ne plus la suivre.
Il faut aussi parler des scènes de promenade entre Murphy et Elektra. On les voit, à leur première rencontre, dans un parc, puis à leur séparation dans un cimetière, dans des ruelles tranquilles où règne encore une fois l'intimité de leur dialogue. La nature qui les entoure dans le parc et la mort dans le cimetière, ce qui est très symbolique du discours du film et de Noé en général. Le sexe est vu comme l'acte naturel étant le sens de l'existence, dont il faut profiter avant la mort. Naître, baiser et mourir, telles sont les lois biologiques de toute existence.
La mort qui va d'ailleurs attendre Elektra dans le suicide, atterrée de la fin de leur relation tout comme Murphy.
Le film peut cependant avoir un fond optimiste lorsque par exemple Elektra souhaite à Murphy qu'après sa mort il tombe encore amoureux, et encore jusqu'à sa propre fin. La jeunesse de ces personnages qui expérimentent la vie peut désespérer dans le sens où ils la détruisent, fruit de leur inconscience, mais aussi ancrer dans leur vie des expériences de plaisir uniques.
Bref, un film où le destin est tragique mais où il faut savoir profiter de l'instant présent car le temps détruit tout, comme le dit Irréversible.
Les scènes d'amour, si explicites soit-elle pour nous montrer dans son plus naturel l'intimité des relations humaines, sont ce plaisir éphémère dont parle le film.

LaSentinelle3
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le 4 avr. 2021

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