"Blood, sperm and tears"

Comment pourrait- on résumer la vie ? Des rencontres, des essais, des erreurs, de l'amour, des larmes, du sexe ? C'est ce tableau que nous peint ici Gaspar Noé, à travers le prisme de Murphy et de sa vie sentimentale.

Et cette toile est peinte d'une main de maître. Car Love est sans cesse teinté d'une poésie, d'une ambiance onirique envoûtante, renforcée par une musique d'une justesse implacable. On y voit Murphy, dans toute son humanité, ses faiblesses, ses craintes, sa passion et ses obsessions, se débattre contre lui même.

Les scènes de sexe sont d'un érotisme très naturel, pas automatique, juste. C'est en ce sens que la promo faite autours de ce film a été très mal choisie. En effet, Love est loin d'être un porno. Il dépeint la vie, l'amour, et le sexe en est donc indissociable. Néanmoins, Noé s'enfonce (si j'ose dire) un peu toujours dans les mêmes travers. Certains plans sont assez superflus, uniquement là pour l'entertainment, comme l'éjaculation vue in- utéro (déjà présente dans Enter the Void, et déjà dispensable). Mais la mise en scène toujours élégante, que ce soit dans les scènes d'amour, dans les déambulations des protagonistes dans Paris, ou encore dans l'appartement de Murphy, rattrape très largement ces petites divagations. Notamment cette façon d'insérer des cuts dans une scène sans changer de plan, une sorte de battement de cil, de battement de cœur, d'instant suspendu.
Les acteurs, parfois critiqués de jouer comme dans Hélène et les garçons, sont plutôt convainquants dans l'ensemble. Le désemparement et la faiblesse de Murphy est poignante.

En résumé, Love m'a plu. Sa façon de faire écho avec la vie sentimentale, en nous posant la question de "qu'es ce qu'aimer ?" Savons- nous vraiment quand on aime ? Ne vit-on pas un peu dans toutes les relations que l'on a eues ?

Un cinéma vivant, sensuel, poétique, juste, sans tomber dans les écueils du mièvre, ou du sexe pour le sexe.