Le premier quart d’heure de Lui s’avère plein de promesses en ce qu’il s’inscrit dans une tradition du thriller de dépaysement, soit l’arrivée d’un personnage dans un microcosme qu’il ne connaît pas et dont l’exploration va le conduire à flirter avec le surnaturel et, par la même occasion, à affronter ses zones d’ombre et dépasser ses préjugés. Pourtant, quand le dispositif se met véritablement en place, c’est-à-dire lorsque le personnage interprété par Guillaume Canet peuple son séjour breton de projections des êtres qui lui sont chers et avec lesquels il règle ses comptes, le film mute en une séance de psychanalyse tout à la fois répétitive et autocentrée qui échoue à convertir le propos personnel en une matière universelle.
Aussi réitère-t-il les erreurs de son diptyque formé par Les Petits mouchoirs (2010) et Nous Finirons ensemble (2019) : penser qu’il suffit de raconter ses névroses entre amis pour faire du cinéma et inclure un spectateur réduit au statut de public, d’assistance qui témoigne des choses vues sans y participer. L’humour noir devient une fin en soi et ne dit plus rien, les méchancetés se succèdent sans crescendo ni variations ; surtout, le comique n’est que peu pensé en termes de réalisation, et les effets de disparition de la lumière ou de surgissement d’un personnage finissent par lasser car accumulés ad nauseam.