Une nuit splendidement étoilée s'achève sur un beau lever de soleil.
Intérieur éclairage électrique blanc, violent sur des lampes à pétrole jaune-faiblard ( pourquoi ? c'est laid.), dans une cuisine blanc dur immaculé, une journée commence pour une famille de paysans. Quatre enfants autour de la table du petit déjeuner, absorbés dans un bénédicité silencieux, avec le père et la mère.
Lui en aime une autre.
C'est son drame. Leur drame.
Le drame de ce couple plus une.
Tous trois en sont muettement frappés.
À travers de très belles images à l'esthétique contemplative (les deux femmes font penser à "L'angélus" de Millet) Carlos Reygadas nous conte une pastorale dans le genre Comédie Humaine à la Balzac.
L'action, si l'on peut dire, se passe dans une communauté familiale, proche du style Amish, dont la langue rappelle le hollandais.
Un passage montre Jacques Brel chantant "Les bonbons", alors qu'on s'attendrait à entendre "Les Flamandes" dont les paroles colleraient si bien au sujet.
Malgré la moissonneuse John Deere, c'est bien la Hollande fin 19 éme ou début 20 ème siècle au pays des gauchos, ces cowboys du sud. Mis à part l'immensité des llanos doucement vallonnés et les larges pistes rectilignes sans fin, c'est bien un "plat pays" de "braves gens" à la Brel, d'un autre pays et d'un autre temps.
C'est surtout et encore un film qui nous montre de la littérature. J'avoue que je n'apprécie pas ce qui rend le film si lent, si long, dans le style d'un roman qu'un Châteaubriand ou un Flaubert n'auraient pas non plus renié, avec ce romantisme aujourd'hui désuet, aux accents enfantins, tant il paraît naïf. Un roman qui n'est plus de notre temps et qui nous tomberait des mains.
La limite mouvante entre sensibilité et sensiblerie est délicate et sûrement culturelle, donc variable.
Pour moi, après avoir vu "Nuestros tiempos", d'une ambiance plus moderne, plus dans les images d'action, cette problématique du couple et du triangle amoureux se fait lourde. Même si ce sont des sujets éternels, ils n'en deviennent pas moins d'une répétitivité indigeste. Et il n'existe pas de pharmacopée pour cette indigestion-là.
Sauf à boucler sur un beau coucher de soleil pour une bonne nuit bien réparatrice. Demain il fera jour. Bonne nuit braves gens.
Un peu simplet, tout de même. Même si on peut espérer que, si des "braves gens" sont dans ce pli, alors que leur vie leur convienne. Ce n'est pas cette "Lumière silencieuse" qui m'en convaincra. Ni du contraire, d'ailleurs.
Alors quoi ? Alors on est dans le ni chaud ni froid, dans la tiédeur des sentiments et du train-train quotidien de la blonde survie édénique que seul vient troubler le remou soudain déchirant d'un peu de passion communément désignée sous le très théâtral nom de scène de "démon de midi", ou de "crise de la quarantaine".
Pauvres petites gens que les sentiments bousculent. Une seule réplique du film le résume, celle du père et grand-père. Vous trouverez sûrement laquelle. Vous verrez : dans son sourire se trouve une "Lumière silencieuse".
NB : difficile de noter soit un film mal calibré, ce qui le mettrait plutôt vers un 3/10 soit un film calibré à son sujet ce qui le rendrait plutôt bon avec un 7/10. Je m'en tire avec la pire note, le 5/10 ni bon ni mauvais, ni chaud ni froid, comme mon simple ressenti.