-Mircalla.
-Vous avez quelque chose à dire?
-Je vous aime. S'il vous plaît écoutez-moi. Pour moi, c'est la chose plus important.
-Dis-moi.
-Quoi?
-Que révèlent les écrits de Giles?
-Votre nom.
-Juste mon nom?
-Mircalla, Marcilla... et Carmilla.
-Carmilla?
-Oui. Carmilla Karnstein.




De mal en pire!



Après le succès The vampire lovers qui dépoussiérait le mythe du vieux vampire par une version plus érotique mettant en avant une jeune et jolie suceuse de sang aux tendances lesbiennes, la Hammer fière de son succès commande une suite au fort potentiel qui entre les mains du mauvais réalisateur dans ce cas précis Jimmy Sangster devient malheureusement une oeuvre des plus banales. Néanmoins, il faut reconnaître que Lust for a vampire semblait condamné avant même d'avoir commencé. Entre le comédien Peter Cushing qui pour s'occuper de sa femme malade due abandonner son rôle, la belle comédienne Ingrid Pitt qui refusa de reprendre son personnage trouvant le scénario mauvais(comment le lui reprocher), le réalisateur Terence Fisher devant être remplacé au dernier moment à cause d'un accident, Bernard Robinson qui devait être le créateur de la production décédé...tant de problème auquel bon nombre de cinéaste sensé aurait refuser de reprendre à l'inverse de Jimmy Sangster qui acceptera le projet, c'est pourquoi je lui accorde au moins le bénéfice du toute.


Ce deuxième volet de ce qui sera la trilogie Karnstein, est loin de valoir la qualité du premier opus, se révélant trop modéré et sobre dans sa réalisation, une constance retenue dans son contenu, un souci assez révélateur des problèmes des films de la Hammer de cette époque. Bien que la substance soit là, en livrant quelques passages bien réalisés, il ne réussit pas à capturer ce mélange subtil d'horreur, d'érotisme, de raffinement et de tendances gothiques qui firent le succès de son aîné.
L'histoire se situe quelques années (en fait on ne sait pas exactement combien de temps après, mais au vu de la décomposition parfaite du vampire cela fait un moment déjà) après les bouleversements du premier récit. Les deux derniers Karnstein encore en vie le Comte(Mike Raven) et la comtesse(Barbara Jefford) sacrifient une jeune fille vierge pour ramener Carmilla(Yutte Stensgaard) à la vie.


Dans quel but? Pourquoi des décennies après et pas avant? Et s'ils peuvent ressusciter aussi facilement les membres de leurs espèces pourquoi ne pas le faire avec les autres affiliés à la famille? Tant de question dont on n'aura aucune réponse.


La cohérence est problématique, en effet dans The vampire lovers on nous explique bien que les créatures de la nuit possèdent une tunique au moment du réveil de leur cercueil et ils en ont besoin pour se reposer sans cela ils voguent dans le monde humain tel des esprits. Point très important, c'est grâce à cela que les chasseurs piègent les membres de la famille et les tues, et ici on a complètement oublié ce détail pourtant non négligeable.
Pour se confronter à la belle Mircalla on oublie les chasseurs de vampires, ou les patriarches d'une famille voulant se venger, pour passer le relais à un romancier d'horreur Richard Lestrange(Michael Johnson) qui a la rencontre de la belle tombent follement amoureux et décide suite à cela de devenir professeur dans son école afin de s'en rapprocher.


Niveau scénario changement de cap, Carmilla ne passe plus de famille en famille humaine pour se nourrir puisqu'elle est envoyée dans un internat pour filles bien entendu sous le nom de Mircalla, qui comme par hasard se trouve juste à côté de leurs châteaux en ruine. L'idée est plutôt bonne le lieu pouvant être propice à bon nombre d'événements angoissant et érotique entre filles. Sauf qu'incompréhension totale, le cinéaste n'exploite qu'une infime partie de son potentiel et les scènes dites "osé et sanguinolente" sont finalement limitées malgré le décor propice.


Essayant de dépasser son prédécesseur au travers de son action, Lust for a Vampire va plus vite dans sa structure en s'attardant moins sur le choix des victimes pour favoriser la possibilité d'en faire plus. Seulement cela se perd dans le récit car les mises à mort et autres séquences érotiques sont insuffisamment mises en scène par un manque de texture éprouver par une faible implication. Ce qui faisait justement l'intérêt de The vampire lovers c'était la prise de possession qu'exercée Mircalla sur ses victimes, on assistait à l'appropriation de pouvoir sur les jeunes filles et leur vacillement comportemental qui a la longue en venait à s'offrir elles-mêmes à la démone.
Elles enduraient de véritable souffrance vu qu'elles se faisaient dévorer petit à petit, jours après jours jusqu'à la mort. De ce fait en amputant le long métrage de cette particularité il lui aurait fallu autre chose pour compenser, ce qui est le cas sauf que c'est mauvais vu qu'on nous embarrasse à la place d'une histoire d'amour auquel on ne croit pas entre Carmilla et le héros.


Un changement notable d'orientation sexuelle chez Mircalla est à pointé du doigt avec son abracadabrante histoire d'amour avec le professeur Lestrange qui atténue fortement l'approche lesbienne. Une nuance qui pourrait apporter une touche encore plus libertine à la belle au croc blanc sauf que la il ne s'agit pas de faire mumuse avec son dîner mais bien d'une relation sentimentale sérieuse. C'est ainsi qu'inexplicablement avec un gros point d'interrogation elle tombe amoureux de lui.
Tout ceci sous-entend que le péché de la luxure n'est représentatif que par le plaisir de la chair entre femmes, alors que la relation avec un homme conduit à la stabilité de l'amour. Un retour a l’hétéro-conformisme arriéré qui éteint toute dynamique et devient subversif. La seule utilité du couple sera visible que lors de l'acte final ou par amour elle tentera de le sauver, un tournant intéressant qui malheureusement sera contrebalancé aussitôt par une conclusion absurde.


Cette tendance affaiblit les séquences érotiques qui ne sont plus que représentées par une séance de massage entre filles à moitié nues et un bain de minuit. Les filles de l'établissement ne servant à rien à part se dénuder de temps à autre. L'érotisme fait partie de l'identité mais aussi de la personnalité de Mircalla qui se sert de ces jolies attribue pour attirer dans ses filets ses proies et cet aspect du personnage à clairement était revu à la baisse.
De ce fait, entre les scènes de meurtre molasse et les quelques pauvre séquences hot il faut meublé et c'est là que le bât blesse, par un ameublement ennuyant et inintéressant. On assiste avant tout à la passion amoureuse de Lestrange essayant d'inclure l'école pour trouver ça bien aimait et lui faire la cour encore et encore, et lorsqu'on passe du côté de la vampire c'est pour la voir faire des cours sur les auteurs contemporains, je vous dis pas l'intérêt de dingue. Heureusement, le gore fonctionne bien notamment avec la sympathique scène d'ouverture d'où on assiste à un rituel bien sanglant. Les autres séquences sont moins dans la démonstration mais révèle quelque petit bon moment.


Malgré un effort consciencieux au vu de quelque essaie technique ingénieux comme avec le jeu des couleurs totalement badant sur la séquence du rêve, l'esthétique employée n'est pas suffisamment assidue pour que cela soit excellent avec beaucoup de plan bien trop statique. Le château des Karnstein a perdu de sa superbe et paraît bien fade, il en va de même des paysages bien moins travaillé avec des jeux de brume approximative ainsi que des costumes légèrement trop chaste ou on y perd les fameuses belles robes en décolleté plongeant.


L'une des bonnes inventivités vient de l'ébat amoureux entre les deux amants qui sont suivi d'une curieuse et géniale chanson psychédélique énoncée "Strange Love" composé par Harry Robinson et chanté par Tracy, qui apporte énormément d'ambiance à la séquence. Elle est bordée d'un jeu d'ombres efficace se focalisant en particulier sur les visages fantasmés des amoureux et en particulier de Mircalla qui prit dans le plaisir ce fait lutte pour ne pas dévorer l'homme qu'elle aime, la comédienne joue superbement la scène.


Niveau distribution c'est assez étrange vu qu'on se retrouve avec des acteurs déjà vu dans The vampire lovers mais dans d'autre rôles, tel que Harvey Hall qui de domestique de maison dévoré par Carmilla d'Ingrid Pitt dévient un flic courageux dans la suite qui une fois de plus trouvera la mort mais cette fois-ci au fond d'un puits. Il en va de même pour l'actrice Pippa Steel jouant la première victime Susan dans le premier film et celui de Laura une autre victime dans Lust for a vampire.


On a tout de même quelques bonnes surprises avec en premier la comédienne danoise Yutte Stensgaard qui aussi belle soit-elle n'arrive jamais à égaliser Ingrid Pitt, faute à une narration instable la décevant et une utilisation de son personnage parfois galvaudé. Néanmoins elle a ce petit quelque chose dans le regard avec son visage rond blanchâtre envoûtant qui fonctionne très bien, du moins suffisamment pour l'accepter en tant que nouvelle Mircalla. Elle réussit superbement à dépeindre le caractère à la fois dominatrice et ébranlable de son personnage.


Une séquence particulièrement réussie où la jeune actrice saisit merveilleusement l'attention se passe dans sa chambre lorsqu'elle se nourrit du sang d'une des élèves qui lui murmure dans un soupir d'extase mêler à la douleur de continuer(s'étant stoppé suite aux hurlements derrière sa porte de son bien-aimé). Sur un simple regard(totalement génial) de Carmilla (qui en dit long) avec un sourire sadique elle regarde sa victime qui ne cesse de lui susurrer de continuer, et avec un grand plaisir se hâte à continuer.


Mike Raven sous les traits du comte Karnstein, présente une version cosplay du comte Dracula que je trouve un peu ridicule servie d'un jeu fade n'apportant guère de substance. Ralph Bates dans le rôle de l'enseignant Giles Barton qui voulait pactiser avec le diable apporte une nuance sympathique, il est à noter que le comédien déclarera que Lust for a vampire est l'un des pires films jamais réalisés.
Vient l'écrivain Richard Lestrange incarné par Michael Johnson touché par la douceur de l'amour qui s'en sort moyennement, le problème venant surtout de l'utilisation de son personnage qui peut à la longue saouler. Il sera tout de même le moteur du changement psychologique de sa bien-aimée, un véritable Roméo.
La comédienne Suzanna Leigh surprend agréablement par son rôle au caractère fort, elle représente la concurrente humaine de Carmilla aimant en secret le professeur Lestrange pour former un triangle amoureux. Ce triangle amoureux tellement vu et revu même pour l'époque qui démontre clairement cette volonté à vouloir livrer une histoire d'amour dramatique à la Roméo et Juliette parsemé de quelques scènes d'hémoglobine et de quelque petite scène d'horreur ce qui frustre.
Ce film aurait pu être une bonne suite et un bon film de la Hammer si on aurait laissé tomber toutes ces fadaises et assumé son concept de départ "horreur érotique" qui fut la clé de son succès de base. Il pourrait presque être l'ancêtre de Twilight!


CONCLUSION:


Lust for a vampire est un film moyen se contentant dans la plupart des séquences du strict minimum à quelques exceptions près. Cela rend malheureusement le tout ennuyeux et insipide. Ce film est la représentativité parfaite d'un réalisateur(Jimmy Sangster) en manque clair d'inspiration qui certes n'a pas fait que de mauvaise chose avec cette oeuvre mais s'en tient clairement au plus simple. À un point ou l'impression de je m'en foutisme est flagrant à certains endroits, surtout durant le catastrophique acte final où on passe la cinquième en mode emballé-pesé en deux trois mouvements, merci et au revoir.
Le résultat n'est donc jamais probant ce qui est fort dommage car il y avait du potentiel, et puis certaine idée de mise en scène sont bien exécuté avec une distribution dans l'ensemble certes moyenne mais une excellente Yutte Stensgaard, mais c'est insuffisant à combler ce vide. Cela a au moins le mérite de le rendre un minimal digeste. C'est pourquoi en tenant également compte du gros problème du départ je lui accorde la moyenne.

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le 27 janv. 2019

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