Si l'on retrouve plusieurs thématiques chères au réalisateur (jeu de domination-soumission, la pulsion érotique) je me suis demandé tout au long du film quel était le rapport au corps. Il y a bien quelques éléments ici et là, mais c'est flou. Et puis le dénouement final arrive et là on comprend.

Le scénario est assez captivant. Malheureusement, Cronenberg ellipse beaucoup de choses. Non pas que je souhaitais un compte rendu précis des journées du protagoniste, mais simplement que plusieurs éléments qui semblent importants par rapport aux diverses thématiques qui ne nous sont apprises que par le biais d'un discours tout à la fin. Mise à part ça, l'auteur traite de ses thématiques avec brio. Ses personnages sont forts et l'ironie dramatique permet de palier au manque d'objectif principal.

Côté mise en scène, Cronenberg se montre très sobre : un découpage minimaliste, une photographie par particulièrement alléchante, sauf peut-être sur la séquence finale. Tout se base au contraire sur les acteurs. Et au fond, cela est logique dans le sens où Cronenberg veut parler des corps, comme toujours. Un surdécoupage aurait tendance à effacer l'acteur et n'en suggérer que sa chair.

Enfin, le film m'a semblé être une histoire d'amour très touchante. Je vais SPOILER. L'on pourrait penser que le film traite de l'homosexualité et de la façon dont cette 'déviance' est perçue, mais Cronenberg va bien au-delà de toutes ces étiquettes. Il démontre que l'amour va bien au-delà de toutes les limites du corps, qu'il ne suffit pas de dire il a un zizi, elle a un minou. Ce qui est important en amour, c'est le fond de l'âme, l'intériorité, le bien que l'autre peut amener. C'est assez couillu.

Bref, "M. Butterfly" (moi qui pensais avoir mal écrit le titre) est une romance sur fond historique assez intéressant ; les fans du réalisateur y retrouveront la plupart des thématiques habituelles pour leur plus grand plaisir. Simple regret : en ellipsant tant d'éléments, Cronenberg se prive d'un jusqu'au-boutisme attendu pour le traitement de ses personnages ; en effet, le réalisateur canadien aurait pu aller beaucoup plus loin dans sa démarche et le film laisse donc un goût de trop peu. Ça reste malgré tout un divertissement de qualité.
Fatpooper
7
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le 1 déc. 2013

Modifiée

le 1 déc. 2013

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