Woody Allen réaborde sa passion pour la magie et pour l'illusion en général, se laisse aller à une certaine nostalgie en nous plongeant, comme pour "Minuit à Paris", dans les Années folles, nous ressort sa playlist de classiques du jazz ainsi que quelques morceaux de musique classique, teinte l'ensemble d'amertume et de désabusement ; bref on est bien chez Woody Allen mais on est bien aussi chez un Woody Allen qui a perdu depuis pas mal de temps sa singularité.
Malgré un ou deux rebondissements bien agencés, on ne peut pas dire que le scénario stupéfie par son originalité. On sait très bien ce qu'il va se passer à l'avance, on n'est jamais véritablement surpris. A cela, on peut une réalisation pauvre. La photographie suréclairée est franchement laide, pas soignée du tout comme le prouvent par exemple les désastreux reflets de lumière qui sentent bon le bâclage lors de la scène où le personnage principal arrive chez sa tante. De plus, chose impardonnable pour le réalisateur, les dialogues s'avèrent fades, aucune punchline à l'horizon pour arracher un sourire, rien...
Heureusement que le réalisateur peut s'appuyer sur son casting pour sauver les meubles. Emma Stone et son joli minois n'ont pas grand-chose à faire pour me conquérir. Eileen Atkins est amusante en vieille tante bienveillante. Mais c'est surtout l'excellent Colin Firth qui est admirable de subtilité en personnage très allenien de cynique cartésien ou qui se veut cartésien qui ne veut plus croire en l'amour mais qui ne peut pas s'empêcher de le faire qui tire son épingle du jeu. Si ce film est à voir, c'est surtout pour Colin Firth. Lui ne déçoit pas.