Mal.Mo.E: The Secret Mission (Eeom Yuna, 2019) est un drame inspiré d’un épisode historique encore méconnu en Occident : à partir de 1937, les autorités japonaises renforcent leur politique d’assimilation en interdisant l’usage de la langue coréenne dans les écoles, les médias et le cinéma, puis en imposant aux citoyens de changer leurs noms de famille pour des noms japonais. Malgré cette interdiction — ou peut-être à cause d’elle —, la Société de la langue coréenne poursuit clandestinement l’élaboration d’un dictionnaire national. En 1942, trente de ses membres sont arrêtés lors de ce qu’on appellera « l’incident de la Société de la langue coréenne », et deux d’entre eux meurent en prison à la suite de mauvais traitements. Ce n’est qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la libération de la Corée, en 1945, que la rédaction du dictionnaire pourra reprendre.
Mal.Mo.E: The Secret Mission propose une fictionnalisation à la fois romancée et accessible de cet épisode tragique de l’histoire coréenne, en mêlant avec finesse humour, émotion et tendresse. Le film rend hommage à la dignité et à la mémoire d’un peuple pour qui les mots deviennent des armes de résistance et de liberté. Si Eom Yuna n’a pas encore réalisé de second long métrage, elle s’est distinguée en tant que scénariste du remarquable A Taxi Driver (Jang Hoon, 2017), autre fresque historique marquante qui témoigne de son sens aigu du récit et de l’engagement.
(Critique rapide rédigée à l’occasion du 20e FFCP 2025 à partir des posts de ma page FB HALLYUWOOD – LE CINEMA COREEN liée à mon livre éponyme (Ed. E/P/A) )