Mango
4.8
Mango

Film de Mehdi Avaz (2025)

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La lumière — d’abord la lumière.

Épaisse, tremblée, comme si le soleil lui-même hésitait à toucher la peau.

Lærke avance dans ce paysage orange, la poussière colle à ses talons, le vent soulève l’odeur du fruit mûr. Une odeur trop pleine, presque sucrée à l’excès — celle des mangues qui pourrissent au bord du champ. Elle ne dit rien : directrice d’hôtel, femme d’ordre et de chiffres, elle croit encore pouvoir tout maîtriser. Mais ici, rien ne se laisse cadrer.


Alex, lui, est déjà dans le plan avant qu’on le voie. Présence lourde, voix rauque. Ancien avocat, il a tout quitté — la ville, le verbe, les raisons. Il vit entre les arbres comme dans une prière muette. Quand il parle, c’est à mi-voix, comme si chaque mot lui coûtait une part de silence.

La caméra de Mehdi Avaz s’avance sans hâte : elle frôle, elle retient. Pas de musique d’emphase, seulement le bruissement du vent, le cliquetis d’une lampe oscillante, un souffle qu’on confond avec le sien.


Agnes — l’enfant — circule entre eux deux comme une lumière passante. Elle rit, siffle, interrompt le plan. Elle ne sait pas encore que ce voyage n’est pas des vacances : c’est le mensonge d’une mère trop fatiguée pour dire qu’elle s’éloigne.

Le film bascule alors — subtilement. Les couleurs se réchauffent, les gestes ralentissent. On sent la chaleur glisser sur la peau, la poussière se mêler à la sueur. Tout devient poreux : travail et tendresse, distance et désir.


Oui, c’est une romance — mais une romance de retenue, d’âge adulte, où aimer revient à désapprendre. La mise en scène respire ; le montage coupe au silence ; le regard reste plus longtemps qu’il ne faudrait. On pense vaguement à Out of Africa, pour cette idée que la lumière soigne autant qu’elle brûle.

Chaque plan semble dire : « reste », puis recule. Le film vit dans cet entre-deux.


Certains diront que Mango demeure prévisible, qu’on y sent la mécanique Netflix. Pourtant, il y a dans ces paysages andalous une sincérité désarmée, une douceur qui persiste après le générique.

Quand Lærke s’immobilise enfin, seule dans le verger, la caméra s’approche — plan fixe, souffle court — et le monde paraît suspendu.

La mangue tombe. La peau s’ouvre.

Tout recommence.


Ma note : 12 / 20


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Le-General
6
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le 7 nov. 2025

Critique lue 108 fois

Le-Général

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