Usine à cauchemars
Sur l'affiche de Maps to the Stars, Hollywood est en flammes. Est-ce un rêve ? La réalité ? Une illusion ? Sans doute un peu des trois. Deux ans après Cosmopolis, David Cronenberg revient avec un...
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le 23 mai 2014
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David Cronenberg ne se contente pas ici de regarder Hollywood dans les yeux : il lui arrache son masque pour exhiber la chair en décomposition qui se cache dessous. Le film devient alors une autopsie du star-system, menée avec la précision froide d’un scalpel et le plaisir malicieux d’un satiriste qui sait exactement où appuyer pour faire mal.
Cronenberg montre Hollywood comme un écosystème toxique, une serre hermétique où l’ego pousse en excroissances monstrueuses et où la dignité humaine se réduit à une monnaie d’échange, aussi jetable qu’un script médiocre. Dans cet univers, les relations affectives ne sont que des contrats, les confidences des stratégies, et la vulnérabilité une occasion d’exploitation. « Maps to the Stars » expose sans détour cette industrie cannibale, qui non seulement dévore ses enfants, mais les recrache préparés pour la consommation publique.
Les Weiss incarnent parfaitement cette logique : famille vitrifiée dans un narcissisme maladif, marionnette et marionnettistes d’un système qui les broie en silence. Cronenberg met ainsi en lumière la violence morale, psychologique et même physique qu’entretient Hollywood envers ceux qu’il prétend adorer, une machine qui transforme les êtres humains en produits de luxe, les traumatismes en divertissements, et les crises en opportunités médiatiques.
La figure d’Agatha, exilée puis réintroduite comme un fantôme brûlé vif par le soleil hollywoodien, vient ajouter une dimension tragique presque mythologique : elle est le rappel que la ville des rêves fonctionne comme un cimetière clinquant où l’on enterre les secrets sous des tapis rouges. Cronenberg en profite pour interroger le culte de la jeunesse, l’obsession de la pureté médiatique et la fuite impossible hors d’un système qui recycle les souffrances avec la même efficacité qu’un studio recycle ses franchises.
Cronenberg signe une œuvre viscérale (on n’en attendait pas moins de sa part) qui démolit les illusions hollywoodiennes avec une précision jubilatoire, révélant une industrie vampirique qui se nourrit de névroses, d’obsessions et de cadavres encore tièdes.
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il y a 4 jours
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